Quantcast
Channel: Archives des République - Christian Vanneste
Viewing all 22 articles
Browse latest View live

Servir la France plutôt que se servir de son Histoire.

$
0
0

L’Histoire n’est pas une science. Elle peut s’en rapprocher lorsque des chercheurs établissent l’exactitude de certains faits. Dès qu’elle est obligée de les sélectionner, d’en interpréter la signification, d’en jauger l’importance, d’en faire apparaître les causes et d’en mesurer les effets, elle donne lieu à des choix et ouvre la porte aux préférences idéologiques ou partisanes. Lorsqu’elle met en valeur des hommes ou en stigmatise d’autres, elle devient une lecture subjective du passé. Un historien peut, en effet, avoir ses sympathies d’ordre politique ou psychologique pour tel ou tel personnage. L’enseignement de l’Histoire est ainsi toujours une relecture du passé par le présent. Si le présent peut éclairer le passé par un nouveau regard ou grâce à certaines découvertes, le présent est, à son tour, souvent éclairé par les valeurs du passé que l’on veut transmettre plutôt que d’autres. L’Histoire doit être laissée aux historiens, dit-on, pour en chasser les idées adverses, mais elle redevient le vecteur encensé de l’éducation civique à travers ses saints et ses héros quand elle véhicule les idées que l’on aime. Si le roman national n’a plus la côte, ce n’est pas l’Histoire vraie qui le remplace, mais la légende républicaine qui fait commencer la France en 1789, dose savamment la fierté et la repentance, distingue les bons et les mauvais Français, et privilégie plutôt les héros de « gôche ».

Il est vain et nocif de participer à ces affrontements stériles entre les morts. La jeunesse a besoin d’admirer des hommes et des femmes qui ont incarné le vouloir-vivre de notre pays. Jeanne d’Arc était déjà une résistante. Il n’y a pas de nation sans fierté nationale. La cultiver est un exercice salutaire. L’entrée de quatre résistants au Panthéon ne doit susciter aucune diatribe, aucune amertume. Si Jean Zay a écrit un poème immonde à vingt ans, on dit aussi qu’il est mort en criant « vive la France ». Si Pierre Brossolette s’est opposé à Jean Moulin, tous deux ont combattu l’occupant et ont succombé avec courage. Si la tendance manifeste du Président de la République est d’instrumentaliser l’Histoire pour draper dans le tricolore une politique désastreuse, il est préférable de se situer à un autre niveau.

On peut certes saluer l’habileté présidentielle qui a consisté à équilibrer son choix. Deux femmes, une innovation intelligente, et deux hommes. Elles ont vécu et ont poursuivi après-guerre une action humaniste au profit des déshérités, même si Germaine Tillon a, hélas,  manifesté des sympathies pour les rebelles d’Algérie. Résistantes et engagées socialement : le message est limpide. On peut seulement ressentir de l’agacement dans le fait qu’un apparatchik parvenu au sommet de l’Etat puisse ainsi convoquer l’Histoire et ses héros pour faire oublier sa médiocrité. Qu’un Homme d’Etat issu lui-même de l’Histoire choisisse ceux qui entrent au Panthéon sans y entrer lui-même avait de l’allure. Lorsque le choix dépend arbitrairement de l’ex-premier secrétaire du Parti socialiste, on est moins convaincu de sa légitimité. On soupçonne le calcul politicien qui n’est pas à la mesure de notre pays et de son Histoire.

Alors, oublions le discours présidentiel et son souci d’utiliser les statues du passé pour se donner enfin une stature qu’il a tant de mal à acquérir. Ce qui compte ici est de se souvenir que face à la tragédie des Français ont risqué leur vie pour sauver la liberté et l’honneur du pays. Le message a toute sa force aujourd’hui. Ces Français étaient souvent de jeunes gens qui sans avoir écouté le Général de Gaulle, comme me disait Robert Galley, sont partis rejoindre la France qui continuait à se battre. Il y a beaucoup de destins croisés parmi tous ceux qui ont résisté. Honoré d’Estienne d’Orves défendait la France plus que la République. Hélie Denoix de Saint-Marc déporté à 20 ans pour résistance participera au putsch d’Alger pour respecter la parole de la France. Le Panthéon est trop étroit pour accueillir ces parcours personnels que la République ne peut saluer alors qu’ils sont à l’honneur du pays. Pierre Brossolette devait être exclu de la SFIO parce qu’il avait compris que le régime des partis d’avant-guerre était mortel pour notre pays. « C’est dans le cadre du gaullisme, le grand rassemblement auquel je pense depuis l’armistice qu’on pourra refaire la France », écrivait-il. Sa prémonition,si elle avait été entendue, nous aurait évité le naufrage de la IVe République. C’était le RPF avant l’heure.

Il est paradoxal et presque cocasse que ce soit un président socialiste qui fasse entrer au Panthéon celui dont l’exclusion du parti n’a été évitée que par la mort. Il avait eu le tort de constater le rôle néfaste du parti avant-guerre et d’anticiper la nocivité de son retour après la victoire. L’Histoire lui donne encore aujourd’hui raison en la personne de celui qui veut l’honorer.


Le Palais n’est pas Bourbon pour rien…

$
0
0

felipeLe Député-maire du XVIe arrondissement de Paris, coutumier des formules intempestives sur des sujets qu’il connaît peu, a confié au Figaro son manque d’enthousiasme pour l’accueil du Roi d’Espagne dans l’hémicycle du Palais Bourbon. « Curieuse conception de la République » a-t-il jugé. Pourtant, c’était la seconde fois qu’un monarque espagnol rendait visite aux députés français et prononçait un discours devant eux. Mais Juan-Carlos était, lui, invité par Philippe Seguin, et Edouard Balladur était Premier Ministre. Il y a des élus un peu superficiels qui changent d’avis en passant de la majorité à l’opposition, face à un Premier Ministre et à un Maire de Paris, tous deux d’origine espagnole… Cette visite et ce discours étaient pourtant riches d’un enseignement qu’il nous faut méditer.

D’abord, il n’est pas sûr que la forme républicaine des institutions soit la meilleure garantie des valeurs qui sont contenues dans l’idée de République. Beaucoup de dictatures impitoyables se sont lovées dans l’enveloppe républicaine. Certaines croient même nécessaire de préciser qu’elles sont démocratiques et populaires. Cet excès doit éveiller un doute le plus souvent justifié. L’essentiel ne se situe pas dans l’opposition entre république et monarchie, mais entre régime autoritaire ou totalitaire et démocratie ou Etat de droit. La République naissante de 1792 a été une tyrannie sanglante. Les massacres de Septembre en témoignent. Aujourd’hui, au nord de l’Europe, du Royaume-Uni à la Norvège, des monarchies sont au contraire des exemples de démocraties et d’Etats de droit peu contestables. Au sud, l’Espagne demeure une exception d’autant plus remarquable qu’elle doit le rétablissement de la royauté à la volonté d’un dictateur.

Mais l’Histoire est éclairante. La République espagnole n’a duré qu’entre 1931 et 1936. Elle a connu des troubles sociaux et une violence considérable. Peu après la victoire du Front Populaire, les agressions contre les édifices religieux et contre le clergé se sont multipliées. Un député monarchiste, José Calvo Sotelo prononça aux Cortés un discours pour stigmatiser ces actes. La députée communiste Dolorès Ibarruri lui dit alors qu’il avait parlé pour la dernière fois. Il était assassiné par des membres des gardes d’assaut, les CRS espagnols le 13 Juillet 1936. Cet assassinat et les meurtres de prêtres et de religieuses provoquèrent le ralliement de nombreux espagnols au coup d’Etat de Franco et Mola. En Octobre 2013, 522 religieux catholiques victimes des « républicains » espagnols ont été béatifiés comme martyrs.

Dans de vieux pays habitués aux guerres civiles et aux divisions fratricides, il n’est pas sûr que la forme républicaine de l’Etat qui place au sommet du pouvoir le représentant victorieux d’un camp contre l’autre soit la meilleure garantie qu’il y ait une « République », c’est à dire un Bien Commun qui réunisse tous les citoyens d’un pays quelques soient leurs croyances ou leurs conviction. Le Roi qui n’est pas élu, ne gouverne pas, mais incarne l’unité nationale et peut peser aux moments les plus difficiles de la vie d’un peuple. Il peut faire en sorte, paradoxalement, qu’il y ait une « Res publica » entre les citoyens. Il faut, bien sûr, pour cela que les souverains aient du talent. Le père de Felipe VI, Juan-Carlos n’en manquait pas, lui qui avait assuré la transition démocratique de l’Espagne, en empêchant le succès d’un pronunciamento des nostalgiques d’un régime auquel il devait son trône. De même, son fils, en évoquant le rôle des « républicains » espagnols dans la libération de Paris, vient-il de montrer qu’il était le Roi de tous les Espagnols. Il a aussi, en français, dit combien le monde et l’Europe avaient besoin de la France. C’est une leçon pleine d’enseignement pour les Français qu’un Bourbon, Roi d’Espagne grâce à Louis XIV, vienne dans un palais qui porte le nom de sa famille, dire combien il aime notre pays et offrir avec son épouse l’image d’un couple dans lequel tout un peuple devrait pouvoir se reconnaître. Il faut souhaiter que l’Espagne préserve ce trésor malgré les menaces qui pèsent sur son unité et sur l’institution familiale, malgré la montée de l’extrémisme.  Quant à M. Goasguen, il a perdu, une fois encore, l’occasion de se taire. Un mauvais esprit pourrait lui susurrer que donner le nom de « républicains » à un parti est une bien curieuse conception de la République…

Le Trou d’Air de Manuel Valls

$
0
0

images (1)L’escapade aérienne en famille et aux frais du contribuable de Manuel Valls n’est pas un détail négligeable et par ailleurs légal compte tenu des prérogatives du Premier Ministre. C’est un symbole massif et éclatant de la dérive de notre pays. Sa grandeur passée a laissé aux gouvernants les lieux, les moyens et les habitudes d’un Etat riche et puissant dont l’appareil et l’apparat soutenaient le rayonnement. Plus le recul, puis le déclin se sont accélérés, plus cette mise en scène coûteuse a dévoilé une arrogante vanité. Les ors et les privilèges ne sont pas les moindres motifs des politiciens d’aujourd’hui. Mais les temps ont changé et ils ne semblent pas en avoir conscience. L’Etat est déficitaire et endetté. Le chômage atteint des records. Beaucoup de Français sont victimes d’un douloureux appauvrissement. Le déploiement des fastes de la République leur semble superflu. Lorsqu’il sert aux menus plaisirs des princes qui nous gouvernent, il devient indécent. Quand ces princes sont des politiciens professionnels dont l’action est inopérante et dont le niveau a baissé au point de laisser à penser qu’ils font de la politique parce qu’ils étaient incapables de faire autre chose, la colère et la révolte montent dangereusement !

Le plaisir de gamin que la République (c’est-à-dire nous !), a offert à Valls et à ses enfants a le mérite de révéler l’ampleur de la chute. Comme chacun sait, de Gaulle payait l’électricité de ses appartements privés à l’Elysée et le goûter de ses petits-enfants lorsqu’ils lui rendaient visite. La distinction entre les dépenses liées aux devoirs de la charge et celles qui appartiennent à la sphère privée était claire. Les socialistes nous ont habitués à loger les concubines, « première dame » ou seconde, sur le compte de l’Etat. Emmener les enfants au spectacle est donc une peccadille. C’est d’ailleurs ce que suggère le cireur de pompes Barbier en affirmant péremptoirement que Valls clôt la polémique en remboursant le voyage de ses enfants après nous avoir fait la grâce d’un acte de contrition. Comme le reste du microcosme médiatique qui décide aujourd’hui de la politique, il pointe surtout la surprenante erreur de communication d’un ténor en ce domaine. Appoline de Malherbe précise qu’il s’agit d’une maladresse et non d’une faute que la droite aurait tort de fustiger puisqu’elle s’est livrée aux mêmes turpitudes. La complaisance des médias est sans limite. Le Français qui voit s’envoler un revenu annuel de 12000 à 15000 Euros pour un match de foot entre deux séances de congrès PS ne doit pas être de cet avis…

Non, Manuel Valls n’a pas commis qu’une « bourde de com ». Son vol était du vol, car il n’avait aucune raison, en tant que Premier Ministre, de se rendre à Berlin pour rencontrer le président Platini, lui-même à Paris dans les jours suivants, et que dans le respect du protocole républicain, il aurait pu inviter à Matignon pour une séance de travail, avec le Ministre des sports. Le voyage était la satisfaction d’un désir d’ordre privé et sentimental qui met de plus l’accent sur l’origine étrangère et sur la naturalisation, somme toute récente, du Premier Ministre de la France. Chirac faisait semblant de sauter de joie lors des victoires de l’équipe de football nationale. Valls aime l’équipe de Barcelone… Quel rapport avec sa fonction ? Lorsqu’on entend Mme Vallaud-Belkacem, alors adjointe à Lyon, se flatter de ses origines berbères et cette laïciste militante dans un pays catholique dire « Inch’ Allah » dans une interview, quand on lui demande s’il y aura bientôt un(e) Berbère à l’Elysée, on se souvient de Rama Yade, alors ministre française, parler à  Haïti de « son » pays, le Sénégal. L’ouverture, c’est bien, mais à condition de n’être que français et d’oublier toute préférence étrangère dès lors qu’on est en charge des intérêts supérieurs du pays.

Alors que les résultats économiques de la France demeurent ternes en comparaison de ceux de ses voisins, alors que l’attitude de soumission de ses dirigeants par rapport aux Etats-Unis et plus encore, la dépendance affichée, à gauche comme à droite, à l’égard des riches royaumes wahhabites et pétroliers du Golfe se font de plus en plus pesantes au point de laisser aujourd’hui l’Etat islamique l’emporter en Syrie et en Libye avec des conséquences désastreuses pour l’immigration, les Français peuvent avoir le sentiment qu’au lieu d’être protégés par leurs dirigeants, ils sont trahis, dans le seul but réel des politiques : jouir du pouvoir. Un soupçon de cette nature ne pourra pas laisser la « République » actuelle indemne. Le Premier Ministre dont le bilan est plus que mince ne sera plus le fusible d’un Président que les Français considèrent comme une erreur. L’alternance est à bout de souffle… La France ne s’en tirera pas, cette fois, avec un simple changement de majorité.

Les Trois 18 Juin.

$
0
0

18-juinLe 18 Juin est une date qui a marqué trois fois l’histoire de notre pays. On n’évoque pas suffisamment la bataille de Patay qui eut lieu ce jour de 1429. Il est d’ailleurs à remarquer que si les victoires sans lendemain de Napoléon sont connues et célébrées, celles de nos rois, pourtant plus décisives, sont souvent passées sous silence, comme Denain, un « Waterloo » à l’envers, remportée par l’armée de Louis XIV en 1712. Patay, c’est, après la libération d’Orléans, la bataille qui voit enfin détruire les redoutables archers anglais qui depuis près de cent ans décimaient la lourde cavalerie de la noblesse française. Patay efface Crécy, Poitiers et Azincourt. Les troupes de Charles VII, guidées par Jeanne d’Arc, et entraînées par les preux La Hire, Xaintrailles et Richemont taillent en pièces l’armée commandée par Falstoff dont la piteuse débâcle fera un personnage de comédie. Malgré la capture et le martyre de Jeanne, la France boutera les « godons » hors de son sol, à part Calais. La dernière bataille victorieuse, et bien méconnue, elle aussi, sera Castillon où l’artillerie prendra une place déterminante. Désormais les modernes sont les Français.

Le 18 Juin, c’est bien sûr aussi la date de Waterloo, il y a deux cents ans. Un jour à connaître et à méditer, mais certainement pas à célébrer, sauf à sombrer dans un aveuglement suicidaire. Mon ex-collègue Jacques Myard y voit une victoire en raison de la consécration du mythe napoléonien à laquelle elle contribue. C’est là un aveu flamboyant d’une véritable maladie nationale, celle qui associe la vanité de la gloire passée à la préférence marquée pour les légendes des défaites héroïques au détriment des victoires réelles. Le roman national, c’est bien. Le rêve éveillé d’une Nation qui perd le sens du réel, c’est nettement plus dangereux. Waterloo, après Trafalgar, que masque l’inutile Austerlitz, c’est l’aboutissement de l’échec de « notre » révolution. Un général, sans doute supérieurement intelligent et éminent stratège, a conduit ce qui restait de l’armée française au désastre. Après avoir ramassé dans le caniveau le plus puissant pays d’Europe exténué par l’agitation révolutionnaire, il va le ruiner et le saigner, de telle sorte que l’organisation rationnelle qu’il lui a donnée va servir aux concurrents sans l’empêcher de sombrer dans la médiocrité. Après Waterloo, la nostalgie française va hoqueter les régimes de son histoire : restauration, monarchie libérale, république, empire, puis république à nouveau. Le vainqueur britannique deviendra pour un siècle le maître du monde, d’un monde qui parlera anglais, alors que le français régnait auparavant. Waterloo, c’est le début de l’hégémonie anglo-saxonne qui continue pour l’instant avec les Etats-Unis. C’est aussi la victoire des Prussiens qui vont supplanter les Français sur le continent. On ne dira jamais assez que la politique étrangère bonapartiste, celle de l’oncle comme celle du neveu, a été la plus stupide de notre histoire puisqu’elle s’est acharnée par esprit de système à soutenir l’unité allemande quand les Bourbons avaient avec sagesse entretenu le puzzle germanique.

En 1940, c’est d’ailleurs auprès de nos alliés britanniques et contre l’envahisseur compulsif venu d’Outre-Rhin, que de Gaulle va lancer son appel à la résistance. Son message, d’un réalisme et d’une clairvoyance que les faits ont vérifiés, permettra à la France de participer à sa libération, d’être miraculeusement parmi les vainqueurs et de retrouver un semblant de grandeur que la fin désastreuse des aventures coloniales assombrira. Néanmoins, cette date doit nous enseigner à un moment où le pays s’enfonce dans le déclin et la décadence sous la houlette branlante de l’oligarchie médiatique et politique la plus calamiteuse qu’elle ait connue, que rien n’est jamais perdu et que le désespoir n’a pas sa place en politique.

Le 14 Juillet… en l’absence du Roi.

$
0
0

images (2)Le Président Hollande croit pouvoir fêter royalement son 14 Juillet. Il pense avoir redoré son blason. Il a surtout plombé la Grèce en prétendant la sauver, écartelé l’Europe en disant la réunir, et surtout affiché un mépris de monarque à l’encontre de la démocratie. Détenteur non seulement du pouvoir, mais du savoir, il a jugé le non des Grecs incompatible avec la marche de l’Histoire. L’Europe n’a pas de marche arrière, même lorsqu’elle roule vers le précipice. L’argument de la dette culturelle de l’Europe envers la Grèce ne manque pas de saveur. Il a déjà servi pour ne pas fermer la porte de l’Europe à Platon, comme disait Giscard. Mais la Grèce d’aujourd’hui a peu à voir avec celle de Socrate, et Platon était d’ailleurs un adversaire cohérent de la démocratie et de l’égalité. Il est d’ailleurs cocasse de voir ceux qui refusent d’évoquer les valeurs chrétiennes de l’Europe et n’hésitent pas à inclure dans son patrimoine des pratiques musulmanes qui lui sont étrangères, se référer de façon incantatoire et superficielle à une tradition millénaire pour auréoler des décisions politiciennes de court terme. Car le but de Hollande n’était pas de sauver l’Europe, mais de restaurer son image en paraissant imposer son compromis à la rigueur germanique. Accessoirement, il ralliait la gauche de la gauche qui avait les yeux de Chimène pour Tsipras. Et dans le fond, il ne faisait que récidiver en bon socialiste la faute commise par les socialistes européens au pouvoir à l’époque, lorsqu’ils ont fait entrer la Grèce dans la zone euro, en fraude. Dénier toute valeur à un référendum, faire ployer un pays sous les taxes, et faire appel à l’argent public des autres pays, en l’occurrence celui de leurs dettes, pour remplir le tonneau des Danaïdes des budgets grecs, voilà bien du socialisme hérétique et relaps.

De la concubine aux menus plaisirs, la Présidence a parfois le parfum de la royauté. L’apparat qui l’entoure et les ors qui la décorent lui en donnent l’éclat apparent. Mais la monarchie avait en moyenne une dimension qui échappe à nos institutions actuelles, davantage encore depuis l’instauration du quinquennat : le temps. C’est en deux siècles que les Bourbons ont supplanté les Habsbourg d’Espagne, affaibli ceux d’Autriche, et fait de l’Allemagne une marqueterie de principautés sans poids politique. Rien n’était joué lorsque qu’avec l’indépendance américaine, le Royaume de France disputait encore la primauté mondiale à celui d’Angleterre. Le 14 Juillet 1790, dont nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire, le peuple est réuni autour de son Roi, après les désordres de l’année précédente. La transformation de la France est en marche. La monarchie constitutionnelle est instituée, le pays rationalisé, l’égalité des droits inaugurée. La journée est organisée par La Fayette, la messe dite par Talleyrand. On connaît malheureusement la suite… Notamment, lors de la dérive jacobine, la France, selon Renan, se suicida en coupant la tête de son roi. Il y a peu, Emmanuel Macron, qui, décidément, est trop intelligent pour être socialiste, rappelait qu’à ses yeux cette tête n’avait jamais été remplacée et que ce vide était ressenti comme une frustration permanente par les Français. Ceux-ci cherchent cette figure disparue qui incarnerait le pays sans le réduire à un parti. Le dernier personnage à s’être approché du modèle est le Général de Gaulle, qui souhaitait être le Chef de l’Etat au-dessus des partis, mais qui ne l’était que pour « l’armée de ceux qui me soutiennent », comme il l’a reconnu dans sa dernière allocution. C’est peu dire que l’actuel locataire de l’Elysée, ancien premier secrétaire du Ps, obsédé par les séquences de sa communication, et réglant ses actes sur leur bénéfice éventuel dans sa réélection, soit éloigné de combler cette absence. Il est le vide, une frustration de tous les instants pour beaucoup de Français. Il est étonnant qu’un de ses ministres puisse objectivement le reconnaître. Même si sa remarque, profonde, est de portée générale, nul doute, qu’au moins inconsciemment, la situation actuelle ne la lui ait suggérée.

Le 14 Juillet… en l’absence du Roi…

$
0
0

images (2)Le Président Hollande croit pouvoir fêter royalement son 14 Juillet. Il pense avoir redoré son blason. Il a surtout plombé la Grèce en prétendant la sauver, écartelé l’Europe en disant la réunir, et surtout affiché un mépris de monarque à l’encontre de la démocratie. Détenteur non seulement du pouvoir, mais du savoir, il a jugé le non des Grecs incompatible avec la marche de l’Histoire. L’Europe n’a pas de marche arrière, même lorsqu’elle roule vers le précipice. L’argument de la dette culturelle de l’Europe envers la Grèce ne manque pas de saveur. Il a déjà servi pour ne pas fermer la porte de l’Europe à Platon, comme disait Giscard. Mais la Grèce d’aujourd’hui a peu à voir avec celle de Socrate, et Platon était d’ailleurs un adversaire cohérent de la démocratie et de l’égalité. Il est d’ailleurs cocasse de voir ceux qui refusent d’évoquer les valeurs chrétiennes de l’Europe et n’hésitent pas à inclure dans son patrimoine des pratiques musulmanes qui lui sont étrangères, se référer de façon incantatoire et superficielle à une tradition millénaire pour auréoler des décisions politiciennes de court terme. Car le but de Hollande n’était pas de sauver l’Europe, mais de restaurer son image en paraissant imposer son compromis à la rigueur germanique. Accessoirement, il ralliait la gauche de la gauche qui avait les yeux de Chimène pour Tsipras. Et dans le fond, il ne faisait que récidiver en bon socialiste la faute commise par les socialistes européens au pouvoir à l’époque, lorsqu’ils ont fait entrer la Grèce dans la zone euro, en fraude. Dénier toute valeur à un référendum, faire ployer un pays sous les taxes, et faire appel à l’argent public des autres pays, en l’occurrence celui de leurs dettes, pour remplir le tonneau des Danaïdes des budgets grecs, voilà bien du socialisme hérétique et relaps.

De la concubine aux menus plaisirs, la Présidence a parfois le parfum de la royauté. L’apparat qui l’entoure et les ors qui la décorent lui en donnent l’éclat apparent. Mais la monarchie avait en moyenne une dimension qui échappe à nos institutions actuelles, davantage encore depuis l’instauration du quinquennat : le temps. C’est en deux siècles que les Bourbons ont supplanté les Habsbourg d’Espagne, affaibli ceux d’Autriche, et fait de l’Allemagne une marqueterie de principautés sans poids politique. Rien n’était joué lorsque qu’avec l’indépendance américaine, le Royaume de France disputait encore la primauté mondiale à celui d’Angleterre. Le 14 Juillet 1790, dont nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire, le peuple est réuni autour de son Roi, après les désordres de l’année précédente. La transformation de la France est en marche. La monarchie constitutionnelle est instituée, le pays rationalisé, l’égalité des droits inaugurée. La journée est organisée par La Fayette, la messe dite par Talleyrand. On connaît malheureusement la suite… Notamment, lors de la dérive jacobine, la France, selon Renan, se suicida en coupant la tête de son roi. Il y a peu, Emmanuel Macron, qui, décidément, est trop intelligent pour être socialiste, rappelait qu’à ses yeux cette tête n’avait jamais été remplacée et que ce vide était ressenti comme une frustration permanente par les Français. Ceux-ci cherchent cette figure disparue qui incarnerait le pays sans le réduire à un parti. Le dernier personnage à s’être approché du modèle est le Général de Gaulle, qui souhaitait être le Chef de l’Etat au-dessus des partis, mais qui ne l’était que pour « l’armée de ceux qui me soutiennent », comme il l’a reconnu dans sa dernière allocution. C’est peu dire que l’actuel locataire de l’Elysée, ancien premier secrétaire du Ps, obsédé par les séquences de sa communication, et réglant ses actes sur leur bénéfice éventuel dans sa réélection, soit éloigné de combler cette absence. Il est le vide, une frustration de tous les instants pour beaucoup de Français. Il est étonnant qu’un de ses ministres puisse objectivement le reconnaître. Même si sa remarque, profonde, est de portée générale, nul doute, qu’au moins inconsciemment, la situation actuelle ne la lui ait suggérée.

Faîtes « plage » au roi !

$
0
0

plageC’est entendu, SOUS le sable de l’Arabie saoudite, il y a beaucoup de pétrole, plus que partout ailleurs, et donc énormément d’argent. Chacun sait qu’en France, à défaut de pétrole, on a des idées. L’idée, ici, consiste à faire venir le pétrole et son argent, en l’occurrence, le Roi d’Arabie, SUR le sable, celui de la plage de la Mirandole à Vallauris, ce qui n’a manqué de déclencher un pic de protestations. Une pétition contre la « privatisation » momentanée du littoral a engrangé plus de 130000 signatures tandis que les soutiens par réalisme économique à cette venue se faisaient plus rares : une centaine. Le débat est ouvert entre les vertueux principes de la République et le pragmatisme des intérêts privés et publics d’un pays appauvri et quémandeur, le nôtre. Les élus « républicains », la main sur le coeur et veillant sur leurs électeurs méridionaux sensibles à l’appel des sirènes du populisme, ont protesté contre cette scandaleuse brèche ouverte dans les lois de la République : fermer l’accès au public d’une plage pour le réserver à un souverain étranger dont la richesse peut décidément tout acheter.  Sur la côte d’azur, de l’Esterel à l’Italie, d’un cap à l’autre, on ne peut pas dire que la richesse soit mal venue. Aussi, les hôtels, les boutiques de luxe et un certain nombre de services se réjouissent de la manne que vont faire pleuvoir durant trois semaines ces visiteurs dépensiers, puisque plus de mille personnes accompagnent la famille royale.

On conçoit le mécontentement des vacanciers habitués à cette plage et le dérangement des riverains. Mais, plus que l’abandon de nos principes au nom de nos intérêts et de nos alliances qui légitiment à l’évidence qu’un Chef d’Etat étranger soit accueilli avec le maximum de précautions visant à sa sécurité, voire à son confort, c’est l’aveu sidérant que traduit cet accueil, celui des contradictions auxquelles conduisent le déclin du pays et l’effondrement des hommes qui le dirigent. La première est d’ordre économique et politique.  La France est le pays du luxe, et les entreprises qui opèrent sur ce marché prospèrent et entretiennent des savoir-faire et des emplois dont le pays a plus que jamais besoin. Mais c’est aussi le pays où le souci de l’égalité dans les discours politiques tourne à l’obsession.  Ce qui rend ce paradoxe ridicule ou odieux, c’est qu’il produit une préférence étrangère et un désavantage pour les nationaux. Si les étrangers puissants et riches sont les bienvenus, est-il intelligent de faire fuir au-delà de nos frontières, de la Belgique à la Russie, en passant par la Suisse, les Français fortunés, du monde de l’entreprise ou du spectacle, qui se mettent à l’abri d’une fiscalité délirante et surtout d’un Impôt Sur la Fortune, cette exception française absurde, maintenue par la démagogie de gauche et la couardise de droite ? Il est probable que le séjour en France en permanence des exilés fiscaux aurait des retombées économiques plus importantes que les trois semaines du roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud.

La seconde contradiction est celle dans laquelle se vautrent l’Occident tout entier et la France en particulier en politique internationale. Nous avançons avec dans une main la Déclaration des Droits de l’Homme et dans l’autre une liasse de contrats d’armement destinés à des pays qui manifestement se soucient des droits de l’homme, et encore plus de ceux de la femme comme de leur dernière djellaba. La France suit les Etats-Unis avec une telle précipitation qu’elle semble même parfois les dépasser. L’indépendance nationale et l’intérêt supérieur de la patrie déterminent logiquement un réalisme politique sur la scène internationale. Mais la contradiction du donneur de leçon de morale entre son discours et ses actes est une insulte envers ceux qui sont ses électeurs. Il n’y a pas de pays plus éloigné des valeurs républicaines que nos dirigeants invoquent sans cesse que l’Arabie Saoudite. Une monarchie de droit divin, résolument ancrée dans le wahhabisme, c’est-à-dire la conception la plus « intégriste » de l’Islam, farouchement opposée à l’égalité des sexes, qui pratique la décapitation publique au sabre, et fait contrôler sa population par une police des moeurs, qui enfin réprime militairement les rébellions « hérétiques » chez ses voisins, tel est le pays avec lequel nous multiplions les gestes d’amitié. C’est entendu, le Président Hollande, comme Sarkozy d’ailleurs, a choisi son camp, celui des sunnites plutôt que celui des chiites, de l’Iran et de la Syrie. Au moins pourrait-il se dispenser de fustiger le Président syrien ou de refuser de livrer à la Russie les Mistral qu’elle a achetés. Lorsque le réalisme conduit à un discours hypocrite et à un comportement larvaire, le pays perd en dignité ce qu’il croit gagner en dollars. ll est vrai qu’au-delà d’un certain poids les pays supportent mal les leçons. Obama peut bien suggérer « fortement »aux Africains d’accepter le mariage unisexe, il s’abstiendra de le faire auprès de ses alliés saoudiens. Car le problème est là : les « démocraties » occidentales sont alliées à des pays qui sont leur antithèse et dont ils dépendent économiquement.

Au temps où la France était un grand pays, elle soutenait Méhemet Ali, le Vice-Roi d’Egypte dont l’armée écrasa une première offensive wahhabite déjà dirigée par les Saoud qui s’étaient emparés des villes saintes. Sous la pression des Anglais, la France dut abandonner cette alliance. Poursuivant son déclin, elle en est aujourd’hui à flatter les Saoud, les grands alliés des Américains, dont les rapports avec le djihadisme sont moins clairs que leur hostilité à l’Iran. Peut-on à la fois condamner le terrorisme et les idées qui le génèrent, et qui se répandent dans une partie de notre pays, et dérouler un tel tapis sous les pieds du salafisme ? Il y a des contradictions qui sont mortelles.

Le mélange détonant du socialisme et de la République.

$
0
0

cuisineLe Grand Maître du Grand Orient appelle au « Front républicain » en demandant aux « républicains » et aux socialistes de faire barrage au second tour des élections régionales au Front National en sacrifiant leurs « idées » sur l’autel de l’intérêt général. Cet appel au refus a peu de chances d’être entendu. Jamais sans doute les raisons qu’il le soit n’ont été aussi faibles. L’argument principal repose sur l’intérêt général. Pour qu’il porte, il faudrait qu’une majorité de Français considère que leurs intérêts et celui du pays soient menacés par la victoire du FN dans quelques Régions de la Métropole, et que les deux partis qui alternent au pouvoir les incarnent. Or, le pouvoir détenu dans les collectivités locales ne menace ni les institutions, ni les libertés. Il n’écrit pas la loi, et ne peut donc pas s’opposer à la République, sauf à en subir les conséquences légales. En revanche, l’idée d’interdire à tout prix l’accès aux exécutifs à un parti qui représente un quart des Français affaiblit la démocratie. Sa sous-représentation est déjà révoltante pour ses électeurs, qui se sentent discriminés. La gestion d’une collectivité territoriale est d’ailleurs un banc d’essai pour tester la capacité d’un parti à assumer la responsabilité du pouvoir.

Est-il établi que les « intérêts » des Régions, puis celui de la Nation, coïncident avec la gestion et les projets des socialistes et des « républicains » et seront crucifiés par le Front National ? On peut en douter pour trois raisons. D’abord, les majorités au pouvoir par alternance n’ont pas servi l’intérêt général d’une manière évidente. Globalement, la situation du pays s’est dégradée dans le domaine économique comme dans celui de la sécurité. De l’aventure libyenne à l’aveuglement syrien, assortis d’un soutien marqué à des pays sunnites peu enclins à la paix et à la démocratie, la place de la France dans le monde a reculé. L’idée que nos respectables démocrates socialistes et républicains mentent, trompent le peuple et obéissent à des calculs, liés à des intérêts qui n’ont rien de général, fait son chemin dans les esprits les moins soupçonneux. La France n’a pas inversé la courbe de son déclin plus que celle de son chômage. Elle subit une montée de la violence qui a pour corollaire le sentiment d’une impuissance publique grandissante, ce qui est insupportable pour les Français attachés à la forme régalienne de l’Etat. Nombre d’entre eux ressentent une dilution de l’identité nationale en raison de l’arrivée de nombreux immigrants non-européens dont le comportement et les exigences sont communautaristes, et de l’étrange séduction que suscite chez beaucoup d’élus cette diversité de plus en plus envahissante. C’est là une menace pour la République et pour la Nation qui ont partie liée : les valeurs de la première sont remises en cause par des comportements, religieux notamment. L’unité et la fierté de la seconde sont ébranlées par la pénalisation de la légitime préférence nationale et par une culture pathologique de la repentance.

En second lieu, pour justifier une alliance de circonstance entre le PS et l’ex-UMP, il faudrait que quelque chose les rassemblât qui les opposerait du même coup au FN. Or, aussi bien sur les questions économiques que sociétales en passant par la sécurité, la majorité et son opposition parlementaire ne partagent rien et se combattent avec âpreté. Quelques carriéristes qui se trouvent « à droite » par héritage affichent parfois des idées « avancées » sur la famille et les problèmes de société. Mais les gros bataillons des électeurs ne les suivent pas. Il y a, de plus, au sein des « républicains » un courant conservateur. Le souverainisme y est d’autant plus motivé que la construction européenne va d’échec en échec. Sur l’autorité de l’Etat et la sécurité intérieure et extérieure, les deux partis sont en en totale confrontation. Si on élude l’évolution sociale et économique récente du Front National, il demeure plus facile d’envisager une alliance des nationaux et des « républicains »qu’entre ces derniers et les socialistes. L’interdit chiraquien puis sarkoziste a un fondement verbal, l’âme (?) et les valeurs (?), et un autre plus réel, la sauvegarde des places par une entente avec cet adversaire-partenaire qu’est le PS. Certains élus de part et d’autre se retrouvent dans les mêmes coteries.

Enfin, passant des « valeurs » à la tactique, qui est le vrai sujet, le Grand Maître se plaint qu’un tapis rouge soit déroulé sous les pieds de Marine Le Pen. On peut naïvement croire que les médias soient plus ouverts devant la fille, et son entourage, qu’il ne le furent devant le père, en raison d’un discours plus politiquement correct, plus conforme à l’idéologie dominante dans le microcosme sur les questions de société. On peut aussi imaginer la stratégie qui consisterait à favoriser le Front National pour qu’il soit présent au second tour des Présidentielles face à un candidat de gauche. L’impuissance du pouvoir tiendrait alors du calcul. Le développement d’une violence et d’une délinquance communautaires, sa capacité à régner dans certains quartiers le temps d’une émeute ou en permanence, sans que les réactions policières et judiciaires soient proportionnées, soulèvent  l’inquiétude. Le surcroît d’attention donnée aux migrants et à leurs croyances, l’empressement à les accueillir, l’incapacité à les expulser, malgré les décisions de justice scandalisent. Certaines situations comme celles de Calais, d’où l’on éloigne quelques migrants en avion, pour un coût prohibitif, révoltent. Autant de chiffons rouges pour nombre d’électeurs. Mais les sondages actuels semblent démentir cette hypothèse puisqu’ils prévoient une élimination de la gauche et un retour du balancier. L’appel au « Front républicain » tout drapé qu’il est de hauteur morale n’est donc qu’une supercherie de plus dans le jeu qui remplace la politique. On s’attache à qui va gouverner plus qu’à ce qu’il fera, tout en sachant que l’élu ne tiendra pas les promesses du candidat. Il est pourtant plus important pour la France de savoir ce dont elle a impérativement besoin que de savoir qui va la gouverner. Le Front Républicain, comme le « ni-ni » écartent à l’évidence cette question. C’est le plus sûr moyen de pérenniser le déclin avec ceux qui en sont les instruments.


Des régionales en une mêlée confuse…

$
0
0

coqbattuLa confusion domine les résultats du second tour des élections régionales. Il n’y a pas de vainqueur clair. Lorsque la « droite » et le centre étaient au pouvoir, ils perdaient les élections locales alors que leur gestion nationale sans être éblouissante n’était pas calamiteuse. La gauche affiche le bilan politique le plus catastrophique dans tous les domaines, mais elle parvient à garder cinq régions sur treize, alors que dans l’opposition elle n’en avait laissé qu’une sur 22 à ses adversaires. Le Front National obtient le meilleur score de son histoire, mais se heurte à un plafond de verre qui a reculé sans se briser.

Son échec à remporter une seule région a deux causes qui soulignent l’opacité de la vie politique française. La première, c’est l’addition disparate et souvent contradictoire de ceux qui se sont ligués contre lui. Au sein même des « Républicains » alliés aux centristes, il y a des gaullistes souverainistes plus proches du Front National que des positions actuelles de Juppé ou de NKM. Les têtes de liste de l’UDI en ont fait les frais avec des résultats maigrichons. En revanche, pour faire élire un Président de Région LR aux idées plus affirmées, il est probable que des électeurs FN du premier tour se soient reportés logiquement sur lui pour battre la gauche au second. Qu’il y ait une porosité entre la droite des « Républicains » et le FN est logique puisque le patriotisme et le souci de la sécurité sont présents de part et d’autre. Ce qui défie l’entendement, c’est la collusion habilement provoquée par le pouvoir entre majorité socialiste et opposition que tout sépare. La victoire de Bertrand et d’Estrosi n’a aucune légitimité. Elle est fondée sur le retrait d’une liste qui a privé arbitrairement ses électeurs de représentation. Leur majorité n’a été acquise que grâce aux votes de gens qui ne partagent en rien leurs convictions, si tant est qu’ils en aient. Par ailleurs, l' »Etablissement » a fonctionné en mobilisant sur des motivations confuses l’opinion contre des dangers nébuleux. Pour le Medef, il en allait des échanges et des investissements, comme si les régions avaient le pouvoir de fermer les frontières. Pour une partie de l’Eglise et pour certains milieux chrétiens, le FN était réduit à un discours de haine. On ne peut qu’être surpris d’entendre ces mises en garde infondées, comparées à la modération des propos à l’encontre de la violence islamiste envers les Chrétiens au Moyen-Orient ou en France. On ne peut qu’être scandalisé quand ces déclarations apportent un soutien de fait à une gauche laïciste qui s’attaque en permanence aux valeurs chrétiennes, à la vie et à la famille en particulier. La presse, si peu soucieuse dans notre pays de liberté d’expression, et le show-biz, empressé de parler de république pour éviter d’évoquer la France, se sont joints au tir de barrage. La peur et le conformisme se sont mêlés en un vote réflexe.

La seconde raison complémentaire de l’échec du Front réside dans son isolement. Comme c’est la seule formation à avoir des idées clairement définies, qu’on les aime ou non, elle n’a ni courants ni alliés et sa progression au second tour est donc limitée. Le PS et les « Républicains » sont des auberges espagnoles. On a le choix chez les premiers entre Macron et Marx : le grand écart. Chez les seconds, entre Sarkozy et Juppé, sans compter tous les autres. Les socialistes ont, en plus, quelques roues de secours : les pastèques qui ont recyclé des gauchistes en écolos, les dinosaures communistes, et Mélenchon, autrement dit Marat ressuscité. Personne ne s’interroge sur le degré de haine qui les anime ni sur leurs liens véritables avec la République ou la démocratie. On en arrive donc à ce paradoxe qu’une élection proportionnelle destinée à permettre une représentation des idées favorise les plus confuses au détriment des plus claires. Les commentaires ont souligné ce brouillard mental. On a parlé de « sursaut républicain » comme si les moutons bêlant à l’appel d’un faux berger criant au loup imaginaire ressemblaient à la mobilisation de la République en danger. Les mots de « République » ou de « citoyen » ont été monopolisés, comme si des électeurs étaient moins citoyens que d’autres et exclus d’une république qui nie à l’évidence la démocratie. Le record de la déclaration stupide a été remportée par Bertrand qui a proclamé :  » L’histoire retiendra que nous avons stoppé la montée du Front National ».  Le Nord a désormais son Tartarin, qui pense entrer dans l’histoire parce qu’il a été élu par ses adversaires politiques plus que par ses mérites. C’est un éclairage pour ceux qui ont cru voter pour un homme de droite soucieux de l’avenir de la grande Région du Nord.

Taubira, Bon Débarras !

$
0
0

demissiontaubiraLe concert de louanges, accompagné des pleurs de certains, à gauche, les critiques pleines de respect et de retenue au sein de la prétendue « droite » qui ont salué l’heureux départ de Mme Taubira sont révélateurs de l’état du pays, en urgence dépassée. La connivence des politiques et des journalistes au sein du microcosme a rendu hommage à  une politicienne à l’ego démesuré et au talent oratoire capable de cacher les idées les plus creuses. La fascination pour le vide est la marque de ceux qui nous dirigent dans le monde politique comme dans le monde culturel. Pas étonnant qu’on ait songé à elle pour la Culture. Une idéologue et sociologue y aurait eu sa place. Décadence assurée, mais avec des citations appropriées !

Des politiciens calculateurs et irresponsables ont trouvé ingénieux voire légitime de placer à la tête du Ministère de la Justice celle qui fut une indépendantiste guyanaise jusque dans la semi-clandestinité, et qui affirmait l’être encore en 2010 au moins en pratique. Félix Eboué, un autre guyanais avait été le premier Gouverneur à rallier la France Libre. On mesure le recul des valeurs de la République chez ceux qui nous en rebattent les oreilles. Comment le gardien des Lois peut-il être un de ceux qui veulent s’en libérer ?

Le nom de l’ex-Garde des Sceaux est associé à deux lois. La première proclame que la traite négrière est un crime contre l’Humanité qui doit être enseigné et permet des actions judiciaires notamment par le biais d’associations contre ceux qui le contesteraient. C’est une de ces lois mémorielles qui limitent la liberté des historiens et portent atteinte à la liberté d’expression. Plutôt que de vouloir l’abroger, mission impossible, j’avais préféré faire voter un amendement qui évoquait le « rôle positif de la France outre-mer » et « la place éminente » des troupes issues de l’outre-mer. Ce texte voté à quatre reprises a été censuré par le Conseil Constitutionnel. La mission parlementaire chargée des lois mémorielles a conclu qu’elles n’avaient pas de légitimité, mais celle de Mme Taubira a néanmoins subsisté. Deux poids, deux mesures : il est plus difficile de mettre en valeur le passé de notre pays  que de l’enfoncer dans une repentance sans équilibre.

La seconde loi vient d’être à nouveau évoquée par Sarkozy qui, finalement, n’y touchera pas. Au nom d’une conception aberrante de l’égalité entre des personnes qui sont dans une situation différente et d’une sociologie idéologique et superficielle qui nie la complémentarité anthropologiques entre les sexes, une loi autorisant le mariage unisexe a été imposée brutalement malgré l’opposition résolue d’une partie importante de la population. Ce coup de force législatif s’inscrit dans un mouvement présent dans de nombreux pays occidentaux où la complicité entre le lobby gay et les médias domine l’opinion publique et présente comme un progrès ce qui est une contradiction anthropologique. On remarquera qu’une censure et qu’un terrorisme intellectuel règnent dans ce domaine comme dans le précédent. Pour avoir énoncé une vérité historique incontestable sur la déportation homosexuelle, j’ai dû affronter avec succès les tribunaux et avec moins de réussite un parti, l’UMP,  dont certains membres saluent Mme Taubira pour des raisons que je crois très personnelles. Récemment encore, une émission de LCI au cours de laquelle un psychologue disait les risques d’un milieu « homoparental » pour les enfants est brusquement devenue introuvable.

Comme on le voit, Mme Taubira n’est pas une amie de la liberté, sauf bien sûr lorsqu’il s’agit d’éviter la prison à des malfaisants. Son opposition idéologique au milieu carcéral l’a amenée à limiter le nombre des lieux d’incarcération alors que la France pour être au niveau des pays voisins devait en construire. Elle l’a conduite à favoriser les libérations anticipées dont plusieurs ont révélé les dangers. Elle lui a inspiré une loi qui étend excessivement jusqu’à des peines de cinq ans la non-détention et supprime les peines-plancher, bref elle a favorisé un laxisme préjudiciable à l’ordre public et à la sécurité des personnes et des biens. En revanche, elle n’a pas hésité à mentir lorsqu’elle a prétendu ne pas être au courant des écoutes que subissait Sarkozy, en brandissant avec impudence un document sur lequel elles étaient pourtant relatées. Pas de liberté pour les adversaires, pas de respect pour la vérité : l’icône se croyait intouchable ! Sa présence au Ministère de la Justice divisait les Français alors que la Justice doit les réunir. Son départ est une bonne nouvelle mais qui n’atténue pas le douloureux sentiment que certains ne prétendent aimer la République que pour ne pas aimer la France, sans que leur carrière en soit entravée le moins du monde. Le fait qu’elle s’en aille parce qu’elle refuse qu’on retire la nationalité française à un bi-national qui fait la guerre à la France sonne comme un aveu !

 

 

Le Jeunisme, maladie sénile du socialisme !

$
0
0

FlutisteLes adversaires les plus apparemment résolus de la loi du marché ont pourtant une pratique très commerciale de la politique. Au delà des concepts de circonstance qui soutiennent les discours idéologiques, il s’agit avant tout de dominer un secteur, de séduire une clientèle, les minorités qui additionnées peuvent faire basculer la majorité, et les « jeunes », comme si un âge aux frontières mouvantes pouvait définir une identité et une catégorie sociale. Les jeunes sont l’avenir puisqu’ils vieilliront. La gauche est l’avenir puisqu’elle est le progrès. Le jeunisme s’identifie donc à la gauche, et parfois à la prétendue droite mimétique. Le jeunisme consiste à flatter les jeunes dans les programmes, à couvrir de louanges leur spontanéité présumée, c’est-à-dire le revers de leur inexpérience et de leur manque de réflexion, à promouvoir l’image de la jeunesse dans les affiches et à mettre en valeur quelques visages d’orateurs pleins de candeur juvénile. Ces derniers n’ont rien des enfants de la dernière pluie : politisés, formés à l’agit-prop, ils seront les meneurs, courtisés des journalistes, lorsque la gauche utilisera les lycées et les facultés pour bloquer les réformes de droite. Plus tard, comme dans la chanson de Jacques Brel, ils seront des bourgeois de la politique, des politiciens professionnels, selon un plan de carrière qui se sera construit sur la naïveté des manifestants dupés. 1968 a eu son Cohn-Bendit, 1986 et la loi Devaquet, son David Asssouline et son Isabelle Thomas, le CPE, son Bruno Julliard, et la loi El Khomry a son Martinet et son Leroy. Tous sont aujourd’hui casés. Pour les derniers, ça viendra, même si l’étrangeté de la situation vient de ce que la gauche manifeste contre la gauche. C’est un règlement de comptes interne et non plus une stratégie d’opposition.

Ce rite de la politique française est évidemment consternant. On ne peut pas dire que la répétition de slogans ânonnés en frétillant d’indignation soit la marque du génie créatif de la jeunesse. L’idée qu’une opinion est tellement évidente qu’elle doit s’imposer à tous, et qu’il est donc légitime de bloquer les facultés et les lycées, pour contraindre à la prétendue grève et pousser à manifester, paraît d’une grande fraîcheur. Elle est d’une stupéfiante bêtise et souligne la désespérante nullité de notre éducation. Ainsi donc, notre « République » forme des ignares qui méprisent sans le moindre remords la liberté d’opinion, la liberté de se déplacer et de travailler, et tout cela au nom de l’opposition à une loi qu’ils n’ont pas lue, puisqu’elle n’est pas encore définitivement écrite. Le réflexe moutonnier l’emporte sur l’intelligence, le rapport de forces sur le processus démocratique et le droit qui en découle. Elle est belle notre démocratie qui n’en est pas une. Les légendes de notre désastreuse révolution ont appris aux Français que la révolte et la manifestation étaient la source suprême du droit. La « droite » n’a jamais eu de Thatcher pour rappeler que la légitimité n’appartient qu’au peuple, à ses représentants, et à la Loi. Elle a gagné en 1968, mais c’était pour perdre dans les esprits. Elle a reculé en 1986. Cette année-là, elle renonçait à utiliser la force contre les « jeunes ». Elle a encore capitulé avec Villepin sur le CPE, et d’une manière honteuse, en n’appliquant pas une loi votée par le Parlement deux mois auparavant et validée par le Conseil Constitutionnel. Le rapport de forces, le blocage, la violence parfois qui triomphent, c’est aussi la République et la démocratie qui perdent.

Pour achever le tableau de cette peu glorieuse exception française qui jette une ombre sur l’intelligence d’une nation, on remarquera que le fonctionnement normal d’une démocratie suppose que la manifestation soit un moyen d’expression légitime. Devant l’ampleur des rassemblements pacifiques en faveur de l’école libre, Mitterrand avait eu raison de reculer. Hollande ne l’a pas imité malgré le succès du mouvement sans doute trop bon enfant contre le mariage unisexe. Rien dans ces mouvements ne portait atteinte à la démocratie. Il en va tout autrement lorsque des lycéens prétendent imposer « leur » grève à des élèves qui sont obligés à l’absence et privés d’un service public auxquels ils ont droit. De même pour les voyageurs de la SNCF, interdits de transports par les privilégiés de l’emploi public, nullement concernés par le projet de loi contesté, mais auxquels on accorde le droit d’attenter à la liberté des autres. Dans ces deux cas la liberté démocratique et l’ordre républicain devraient évidemment interdire ces prétendues grèves. Mais cela suppose que le lycée donne à ses usagers une éducation qui en fasse des citoyens libres et responsables et non des moutons de Panurge attendant d’être les clients inégalement favorisés de l’Etat Providence après avoir chanté le « ça ira » de leur génération.

Enracinement & Identité

$
0
0

L’enracinement est une valeur capitale à mes yeux. Pour Simone Weil, c’est « peut-être le besoin le plus important et le plus méconnu de l’âme humaine. » Il n’est pas surprenant que la chrétienne par conversion retrouve Maurice Barrès sur cette notion. Tous deux ont souligné le lien profond qui unit celui qui respecte ses racines avec les autres, ceux qui partagent la nourriture spirituelle qu’elles apportent, le bien commun transmis par d’autres encore qui nous relient au passé. L’enracinement, c’est une manière d’aller au-delà de soi, sans aller vers le vide du nomadisme moral ou culturel. C’est le support concret de l’amour réel de l’autre. Certains prétendent aimer l’autre lointain pour pouvoir détester l’autre proche et cultiver finalement la haine de soi. L’enracinement est un des chemins vers la transcendance. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les Papes Jean-Paul II et Benoît XVI  aient mis en valeur le légitime attachement national. Un élu doit d’abord être au service des autres, et pour cela assumer ses devoirs dans les collectivités qui l’ont chargé de cette responsabilité : sa commune, sa circonscription etc. L’agitation politicienne des partis à Paris est éloignée de cette finalité. C’est le produit des ambitions, qui ne sont le plus souvent que des arrivismes sans talent, et du jeu malsain des partis.

Je préside en effet deux mouvements : le RPF qui est clairement un « parti » gaulliste et La Droite Libre qui est un laboratoire d’idées libéral-conservateur. Je participe également à un réseau appelé « l’Avant-Garde » aux côtés de Charles Millon et de Charles Beigbeder, et dont l’imprégnation chrétienne est forte. L’objectif est le même dans les trois cas : tenter de provoquer à l’occasion des élections présidentielle et législatives un double choc de rupture, avec le déclin moral, politique, économique et culturel de notre pays d’une part, et avec la caste, le microcosme, qui se vautre dans le pouvoir avec de plus en plus d’irresponsabilité et d’incompétence, d’autre part. Nous sommes en désaccord profond avec l’ensemble d’une politique qui conduit la France à l’abîme depuis de nombreuses années, aussi bien avec l’alignement atlantiste qui dévaste le monde arabe qu’avec une construction européenne qui n’est plus qu’une technocratie sans âme, aussi bien avec la décadence promue en progrès sociétal destiné à masquer le recul social et économique de notre pays qu’avec l’aveuglement sur les conséquences suicidaires d’une immigration incontrôlée. 2017 va se jouer sur ces thèmes qui sont de droite parce qu’ils sont vitaux. La vie de la France, la vie des générations futures, leur capacité à affronter un monde de plus en plus difficile dépendra d’une réaction vive par rapport aux lois mortifères des années passées. Les communautés naturelles, la famille, la nation doivent être pleinement restaurées, avec les moyens nécessaires pour leur conservation et leur épanouissement. Cela exige des lois mettant fin à la dénaturation de la famille et à la dilution de la nationalité. Cela demande aussi une fiscalité qui redonne à la famille son autonomie et sa liberté, par exemple dans le choix de l’école, et à la nation son indépendance et son dynamisme. Le recentrage de l’Etat sur ses missions régaliennes, la diminution du millefeuille administratif et des charges sont les meilleurs leviers de la lutte contre le chômage. Le travail est le vecteur de la dignité des personnes et de l’autonomie des familles.

Le principal danger qui menace le pays et l’a déjà profondément ravagé est la déconstruction. Petit-à-petit, on dessine la France, son histoire, ses institutions avec une gomme pour la diluer avec ses habitants qui ne seront plus nécessairement ses citoyens dans un monde apparemment nivelé et sans frontières, mais qui sera en fait dominé par le matérialisme, l’individualisme, le relativisme des valeurs. Cette évolution, comme l’avait bien vu Tocqueville, est un leurre, car elle aboutira au contraire à l’écrasante domination des détenteurs du pouvoir sur la foule des individus réduits à leur hédonisme. La France ne serait plus qu’un territoire, un hexagone où l’on parlerait de plus en plus souvent anglais. Elle obéirait à une technocratie européenne elle-même soumise aux orientations et aux modes de puissants groupes de pression économiques. La relativité des valeurs conduirait à une insécurité favorisée par le laxisme d’une justice trop pauvre en moyens. Il serait demandé de s’y accoutumer comme au revers de ce que serait devenue la liberté. Renverser un tel processus s’appelle une révolution, et disons-le, non sans humour une révolution culturelle. Je crois qu’un nombre croissant de Français en ressentent l’impérieuse nécessité. Il faudrait donc créer un choc dans l’opinion par l’instauration du Référendum d’Initiative Populaire, à la suisse, et proposer immédiatement après la victoire électorale de la droite une série de réformes de salut public. Cela éviterait l’enlisement dans le jeu parlementaire et les manœuvres délétères comme la stupide « ouverture à gauche » de Sarkozy en 2007.

Le réveil de l’identité est une nécessité structurelle. Il a malheureusement été rapidement éteint par le détournement de la réaction populaire. La France a été attaquée à plusieurs reprises et deux fois de façon très cruelle. Il fallait désigner l’adversaire et le combattre. Les bombardements homéopathiques contre l’Etat islamique tandis qu’on sympathise avec les monarchies wahhabites du Golfe et qu’on fournit des armes aux « terroristes modérés » qui n’hésitent pas à massacrer des Chrétiens d’Orient sont une imposture soutenue par une presse qui, à l’évidence, critique la seule politique cohérente pour mettre fin à la guerre, celle de la Russie. Cette trahison a son versant intérieur : on a identifié la France à un journal, dont la rédaction avait, certes, été la tragique victime de l’attentat, mais dont la vulgarité obscène ne peut en aucun cas symboliser notre pays. De même, ce n’est pas la nuit parisienne qui a été touchée le 13 Novembre, mais la France. Le matraquage médiatique et parfois policier contre les opposants à l’immigration folle que nous subissons, les campagnes orchestrées qui minimisent l’écrasante responsabilité de la Turquie et appellent à accueillir un flot de migrants qui sont loin d’être tous des réfugiés, sont également de nature à inhiber la renaissance identitaire indispensable. Les Français appartiennent à une vieille nation helléno-chrétienne. Ils doivent en tirer une légitime fierté qui leur permet de dialoguer avec les autres sans dominer ni être dominés. C’est le principe de l’échange, qui est au cœur de la nature humaine.

Pour un Etat de droit !

$
0
0

duredemocratieComme Jean-jacques Rousseau l’écrivait dans le « Contrat Social », « force ne fait pas droit, et (qu’) on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes ». Il est étrange que dans un pays dont les institutions s’inspirent davantage de Rousseau que des auteurs libéraux, ce principe, sans lequel il n’y a ni République, ni démocratie, ni même d’Etat digne de ce nom, soit si peu respecté. Deux questions se posent : tout d’abord, quelle est la première mission de l’Etat ? Comme le dit l’article 2 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen, « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme ». « Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression ». L’Etat doit, pour atteindre cet objectif, assurer la Loi et l’Ordre. Il bénéficie pour cela de ce que Max Weber appelait le monopole de la violence légitime. Autrement dit, il est seul à pouvoir faire usage de la force pour que le Droit soit respecté. Or, le pouvoir de plus en plus soucieux des effets médiatiques de ses décisions a pris l’habitude de louvoyer pour éviter les accidents, les blessés et les morts. Il pratique l' »euphémisation » de la violence, autrement dit, il n’ose plus accomplir sa mission essentielle. L’abîme se creuse entre les déclarations du Premier Ministre, plus « déterminé », plus « mobilisé » que jamais et qui dit « maîtriser la situation » et la chienlit qui existe à l’état endémique dans certains secteurs et s’installe parfois brutalement au coeur de la vie du pays. Il y a, dans notre pays, des zones de non-droit où prospèrent les trafics et où les bandes règnent, des quartiers, voire des communes. Les règlements de comptes à l’arme de guerre à Marseille en témoignent. De nombreux clandestins franchissent nos frontières et on les retrouve installés dans des camps sauvages ou des locaux occupés au mépris de la loi. Lorsque des projets d’infrastructures rencontrent des oppositions, des groupes implantent des ZAD (Zones à Défendre) en affirmant la légitimité de leur action face à celle de la Loi. En plein Etat d’Urgence après les attentats islamistes, la place de la République est squattée et lors des manifestations contre la loi El-Khomry, des débordements d’une rare violence sont sciemment organisés contre les forces de l’ordre par des groupes d’extrême-gauche parfaitement connus des services de police. Ils s’attaquent aussi au mobilier urbain, aux commerces et aux véhicules des particuliers. Enfin, un syndicat marxiste résiduel, la CGT, l’un des plus importants, mais dans un pays très faiblement syndicalisé, s’arroge le « droit » de bloquer des raffineries, en ce moment même. Ces pratiques, devenues courantes en France, bénéficient des légendes révolutionnaires qui, de 1789 à 1968, ont mis le désordre improductif et la violence suicidaire à l’honneur. Or, le fait que la liberté de circuler, de travailler, que la propriété, la sécurité ne soient pas assurées par l’Etat empêchent de considérer la France comme un Etat de droit.

Se pose alors la seconde question : qui est légitime ? L’Etat ou l’opposant qui ferait usage de son « droit de résistance à l’oppression » ? On observera que la violence des minorités qui proclament leur légitimité supérieure se développe paradoxalement dans des Etats comme la France qui connaît des élections régulières, des processus politiques constitutionnels, une autorité judiciaire trop lente, certes, mais qui jouit d’une indépendance relative. On la rencontre peu dans des régimes dictatoriaux. Des réseaux d’associations soutiennent le déploiement de cette zone grise par rapport à la loi. On favorisera donc au nom de la « solidarité » le passage de la frontière aux migrants, le logement des clandestins. A l’autre bout de la chaîne, on s’autorisera à la violence contre la police au nom d’une conception folle de la justice sociale. Il est nécessaire de distinguer entre les méthodes de contestation et entre les pouvoirs qui sont visés. Les « lanceurs d’alerte » qui prennent le risque de s’affranchir de la loi, ou du contrat qui les lie, pour informer l’opinion d’un dysfonctionnement qui nuit au Bien Commun, possèdent à l’évidence une « légitimité morale ». La désobéissance civile que l’on tolère à gauche, et beaucoup moins pour les opposants à l’avortement, par exemple, est au contraire incompatible avec une démocratie qui fonctionne en respectant sa constitution. La violence, enfin,  doit être sévèrement réprimée, puisque en l’acceptant au détriment des citoyens et des contribuables, l’Etat ne remplit plus sa part du Contrat. L’article 49/3 est constitutionnel. son application ne donne aucun droit à la rébellion. On comprend en revanche que celle-ci naisse dans des pays où c’est l’Etat en apparence démocratique qui s’en prend aux droits des citoyens : la Turquie ou le Venezuela. Mais c’est beaucoup plus risqué…

La  solution à cette dérive française offre deux volets. Il faut qu’un gouvernement légitime puisse user de son droit de répression lorsque ses opposants sortent du cadre de la loi. Il est frappant de constater que cette répression a été plus forte contre les pacifiques « marcheurs pour tous » et autres « veilleurs » qu’elle ne l’est contre les « casseurs » (Eric Brunet article NdF) . Il faut aussi bien sûr que dans ce but la Justice soit plus rapide et efficiente. Mais il faut surtout, et c’est le second point, qu’un renouveau soit insufflé à la légitimité démocratique. Le Référendum d’Initiative Populaire, à l’échelon local, ou au niveau national, avec ses trois possibilités : Veto d’une loi votée au Parlement, Proposition de Loi, Réforme constitutionnelle, rendraient les contestations illégales et violentes totalement illégitimes et inacceptables. Ainsi la loi sur le travail serait ajournée dans l’attente du vote populaire, la suspension d’un projet comme l’Aéroport de ND-des-Landes serait suspendu à un scrutin régional décisionnel.

Il est nécessaire de remettre l’Etat à sa place dans une démocratie moderne, mais à condition qu’il occupe toute cette place et sans faiblesse.

 

Dangereux de penser, Monsieur Zemmour !

$
0
0

zemmourZemmour a une difficulté avec son temps : c’est un raisonneur. Il devrait pourtant savoir que l’idée, la logique, le discours sont démodés, totalement obsolètes. Seule compte l’émotion. Seule l’image a un impact. La conscience collective ou l’opinion publique n’ont plus de suite dans les idées. Bousculées chaque jour par des événements qui brisent la continuité et suscitent des réactions contradictoires, elles réagissent au coup par coup, de façon contradictoire et dans la division. La photo truquée d’un enfant mort sur une plage va soulever la compassion en faveur des migrants et justifier dans les esprits l’ouverture à leur accueil. Un attentat ou une agression sexiste plus loin, le rejet des migrants devenus des envahisseurs va refermer les portes. Les deux vagues opposées vont rejeter de part et d’autre les citoyens d’une cité éclatée devenue incapable de cohésion et de cohérence. Dans cette confusion,  les sentiments les plus hypocritement joués valent mieux que les démonstrations les plus solidement étayées. Aujourd’hui toute thèse à la fois structurée et originale est suicidaire pour son auteur car elle va affronter le tir croisé des préjugés. Dire que l’islam est incompatible avec notre société, c’est affronter la bienpensance qui désigne aux regards l’immense majorité des musulmans immigrés qui vivent normalement et qu’on ne doit pas amalgamer avec les fanatiques. Dire que ces derniers sont respectables parce qu’ils sont capables de mourir pour leurs idées alors que nous ne le sommes plus, c’est s’exposer à la colère légitime des innocents qui ont subi cette violence, c’est paraître faire l’apologie de ceux que la société a désignés comme le mal absolu.

Comment a fait Zemmour pour se retrouver accusé de redoubler la douleur des victimes des terroristes et quasi complice du djihad, lui qui passait hier encore pour un islamophobe enragé ? Dans les deux cas, le dérapage dont on l’accuse tient paradoxalement à sa volonté de raisonner en droite ligne sans se perdre dans le brouillard mental ambiant. Au lieu de répéter bêtement que l’islam est une religion de paix et d’amour, tout en peinant à expliquer pourquoi tant de ses adeptes se livrent à des actes monstrueux, Zemmour a lu les écrits qui constituent la Sunna, la tradition, le Coran, les Hadiths et s’est intéressé à l’Histoire de la religion musulmane. Il en a déduit très logiquement que la violence n’y était pas accidentelle mais essentielle et que les djihadistes d’aujourd’hui, certes minoritaires par rapport à la masse des musulmans, sont néanmoins non des hérétiques, mais au contraire des gens qui suivent à la lettre les préceptes initiaux de la religion, fondée sur un texte que nul n’a le droit de changer. Celle-ci ne sépare pas le religieux et le politique, réunis dans le califat. Elle ne sépare pas la vie privée et la vie publique soumises l’une et l’autre à de multiples préceptes.  Elle est totalitaire et méconnaît la laïcité, ignore la liberté et proclame l’inégalité. Elle est donc incompatible avec la République. Pour un musulman, l’islam est non seulement la seule religion vraie, mais elle doit devenir la religion de toute l’humanité. Avant ce terme, nul ne peut la quitter, et ni le croyant, ni l’infidèle, ni l’homme, ni la femme ne sont égaux entre eux. Ce rappel est blessant pour beaucoup de musulmans qui n’ont pas lu les textes davantage que ne le lisent les catholiques « à gros grains », mais il jette une lumière crue sur la réalité à laquelle nous sommes confrontés.  C’est avec la même cohérence dérangeante qu’aujourd’hui l’essayiste, un rien provocateur,  dit que les terroristes islamistes, donc d’authentiques musulmans, sont respectables parce qu’ayant des idées ils sont capables de mourir pour elles. Difficile d’admettre ce respect quand, sans idées politiques ni croyances religieuses, on a vu mourir un de ses proches sous les roues d’un camion un soir de feu d’artifices qu’on voulait montrer à ses enfants.  Lorsque l’argument rationnel brave la sensibilité commune, il n’a aucune chance d’être entendu.

En fait, Zemmour a eu le tort de n’avoir pas témoigné de compassion pour les victimes parce que sa pensée est toute entière tournée vers les causes et non vers les conséquences. C’est logique, car c’est du côté des causes que se trouvent les solutions et non du côté des conséquences, des fleurs, des bougies et des discours éplorés dont nos dirigeants sont prodigues. Le respect de Zemmour pour les djihadistes est comparable à celui d’un officier qui va commander le peloton d’exécution d’un adversaire à qui on rend les honneurs avant de l’envoyer dans l’autre monde parce qu’il est vraiment trop dangereux dans celui-ci. Il veut souligner ce danger qu’on minimise en évoquant les troubles psychologiques à l’origine de la radicalisation, selon certains. On perçoit aussi ce qu’il y a d’implicite dans cette position. Il le révèle en soulignant que nous ne sommes pas, nous, capables de donner notre vie pour des idées. En fait dans sa vision de l’islam comme dans son respect pour les terroristes, Zemmour se veut surtout le contempteur de notre société inapte à percevoir avec lucidité l’ennemi qui le menace et toute aussi incapable de se battre contre lui avec le courage dont il fait preuve. Zemmour aime tellement peu les terroristes qu’il voudrait que nous soyons sans faiblesse à leur égard. Mais son raisonnement se brise alors sur deux obstacles élevés dans l’opinion formatée au « politiquement correct » par les médias : d’une part, tous les musulmans ne sont pas comme ça et d’autre part en respectant les terroristes,  vous insultez les victimes. Le scénario du lynchage de la sorcière se poursuit donc : le penseur dérangeant doit s’excuser pour le dérangement. Il ne le fera pas parce qu’il a sa dignité. Des associations spécialisées dans l’inquisition contemporaine vont le traîner devant le tribunal pour apologie du terrorisme. Penser justement, mais un peu trop sèchement, fait de vous aujourd’hui un délinquant potentiel.

La Démocratie escamotée devant un public distrait.

$
0
0

PSEMNBIl y a une inflation verbale qui a les mêmes effets que l’inflation monétaire. Comme la monnaie produite en excès perd sa valeur, les mots à force d’être employés perdent leur sens. L’adjectif « citoyen », utilisé pour qualifier des actions partisanes, associatives, sous prétexte que la politique institutionnelle ne remplissait plus son rôle, voulait souligner que certains engagements, souvent protestataires ou contestataires au nom d’une idéologie, témoignaient d’une plus grande responsabilité civique. C’était là un de ces dévoiements sémantiques par lesquels la gauche cherche à subvertir ou à pervertir la pensée. Le citoyen est le membre actif de la Cité, de la communauté politique, qui exprime son opinion et prend part aux choix collectifs par son suffrage. L’étranger n’est pas citoyen. Celui qui s’oppose par ses actes à la loi qui résulte de la volonté des citoyens, par exemple en favorisant l’immigration illégale, ne fait pas preuve de solidarité, il trahit son devoir de citoyen, il trahit la République, autre mot dont on abuse. La République n’est pas seulement un régime, encore moins une idéologie qui séparerait la bonne pensée de la mauvaise et justifierait qu’on discrimine un parti en l’excluant de la vie politique, alors que représentant un grand nombre d’électeurs, il ne menace en rien les institutions, et donne simplement son interprétation de ce qu’est le bien commun pour la communauté nationale, la Res Publica, la chose publique. Le reste appartient à la société civile, aux affaires privées, aux consciences personnelles. Ces distinctions nécessaires à la clarté de la pensée et de l’action ont été érodées par l’abaissement stupéfiant du niveau de la réflexion qui règne de nos jours. Le délitement de notre vie démocratique à travers la dérive électorale de 2017 en est la traduction la plus flagrante.

On pourrait opposer le dépit injurieux de Guaino, lançant à ses électeurs potentiels, qui l’ont humilié, qu’ils sont « à vomir », à l’analyse bonapartiste d’Eric Zemmour, affirmant que le raz-de-marée prévisible d’En Marche est la victoire de de Gaulle. Les deux se trompent tragiquement. De Gaulle ne voulait pas de citoyens qui se désintéressent de la chose publique au point de laisser faire le chef, une fois celui-ci désigné. Eric Zemmour se réfère à la phrase de Sarkozy sur les « clefs du camion » remis au président élu. Précisément, entre de Gaulle et Sarkozy, l’effondrement s’est produit. Il a commencé en 1968, lorsque la nation confrontée à des drames collectifs, les guerres notamment auxquels participaient tous les conscrits et non une poignée de professionnels, ont cessé. Désormais, après la guerre d’Algérie, le bonheur individuel, la liberté du plaisir, sexuel entre autres, venaient à l’ordre du jour. Le narcissisme des comportements voués à l’intérêt privé et aux préférences égoïstes allait triompher. Entre la révolte des étudiants de 1968, voulant rendre visite à leurs amies dans leurs résidences universitaires, et le mariage unisexe, il y a une logique qui a mis l’individu sur le trône d’où est tombée la République. Qui oserait encore parler de l’intérêt supérieur de la patrie ? Cette expression gaullienne est aux antipodes des préoccupations des électeurs que vomit Henri Guaino. Ce dernier vient de se rendre compte que le roman national qu’il continuait à feuilleter, pour fournir de belles phrases aux politiciens qu’il servait, n’avait plus cours. Et cela ne vaut pas seulement pour les « bobos » du Boulevard Saint Germain ! Eric Zemmour veut y voir la résurgence de l’esprit monarchique inscrit dans la Constitution de 1958. Les électeurs ayant fait entrer un prétendant à l’Elysée seraient prêts à lui offrir une majorité énorme pour qu’il se « débrouille ».  Cette lecture est l’inverse de la pensée du Général. Certes, il voulait que l’homme en charge de l’essentiel soit choisi par le peuple, mais il souhaitait que ce soit un élan collectif et positif envers un homme qui incarnerait par son passé le destin national, ce qu’il était lui-même. Son ballottage de 1965 a failli le faire partir. Il considérait en effet que le lien avec le peuple devait être profond et constant. C’est la raison pour laquelle il privilégiait le référendum par rapport à l’élection législative. C’est un référendum perdu qui l’a conduit à quitter le pouvoir alors que rien ne l’y obligeait. La situation d’aujourd’hui s’oppose en tous points à la conception gaullienne qu’on pouvait accuser d’être non un « coup d’Etat permanent », comme l’a dit le perfide Mitterrand, mais un « plébiscite » de tous le jours. Macron, le président médiatique, a été élu par le rejet de ses concurrents. Fatigués de la politique, séduits par des images trompeuses, beaucoup de Français retournent à leurs activités privées, à leurs jeux quotidiens, à leurs menus plaisirs ou à leurs difficultés personnelles. Effectivement, ils se désintéressent du bien commun et laissent au président la charge des intérêts de la majorité , fût-ce par ordonnances, sans leur demander encore leur avis ni même celui de députés bien trop coûteux pour ce qu’ils sont utiles.

Beaucoup d’électeurs vont être guidés par deux motifs. D’abord, le sentiment que leur intérêt y trouvera son compte. Fillon a perdu de son crédit dès lors qu’on s’est aperçu qu’il ne négligeait nullement son intérêt personnel. Beaucoup ont vu dans ce comportement plus une concurrence déloyale qui met le politicien au-dessus du lot dans la course générale, qu’un comportement illégal ou immoral. De même, le fait que la CSG ou la limitation de la taxe d’habitation favoriseront la majorité au détriment de la minorité satisfait évidemment la première. En second lieu, il y a l’idée qu’une gouvernance sans opposition sera plus efficace. Des deux côtés, la République et le citoyen, la démocratie même, sont oubliés. Il reste des individus qui offrent les pleins pouvoirs à l’un d’entre eux, qu’ils connaissent mal. De même, au lieu de choisir des députés qui ont fait leurs preuves dans des circonscriptions où ils sont implantés, ils préfèrent une chambre introuvable où une armée de godillots, élus à l’aveuglette, ne les représentera pas dans leur diversité, mais commencera par tâtonner dans l’obscurité des procédures parlementaires, puis dévoilera progressivement ses inclinations idéologiques. On verra alors que les socialistes ne sont pas morts. Sortis par la porte, le pied au derrière, ils rentrent par la fenêtre, grimés et fardés, repeints « en marche ». La « République » est un théâtre, les citoyens, un public un peu clairsemé mais naïf et bon enfant. Quant au spectacle, il est donné par un prestidigitateur qui est en train d’escamoter la démocratie !


Le Chef de l’Etat peut-il humilier ses généraux ?

$
0
0

generalpiquemalEt de trois… Pour la troisième fois, le pouvoir politique vient d’humilier de façon disproportionnée un haut responsable militaire. Le Général Bertrand Soubelet, numéro 3 de la Gendarmerie Nationale, le Général Christian Piquemal, ancien commandant de la Légion Etrangère, et maintenant, le Général Pierre de Villiers Chef d’Etat-Major des Armées. Ces comportements relèvent apparemment d’une certaine conception « républicaine » des rapports entre le pouvoir civil et la sphère militaire. La République a toujours craint les soldats. Sous la IIIe, les militaires de carrière n’avaient pas le droit de vote, qu’ils n’ont obtenu que le 17 Août 1945, un an après les femmes. C’était le règne de la démocratie ou plutôt de la médiocrité radicale qui pour protéger ses arrangements et ses compromissions mettaient à distance les femmes trop à l’écoute des prêtres et l’armée qui a toujours séduit les Français patriotes. C’était le temps de la « Grande Muette », de Mac Mahon à de Gaulle, en passant par Boulanger et Pétain. Les Officiers Supérieurs, Généraux, Maréchaux, Amiraux ont toujours suscité de la méfiance à gauche, parfois non sans raison. Le retour du Général de Gaulle n’aurait pas été possible sans Massu et Salan. C’est pourtant ce Général à deux étoiles qui a rétabli la République et préservé la démocratie, fût-ce en réprimant sévèrement les officiers factieux, qui en l’occurrence ne prenaient pas des risques par ambition, mais parce qu’ils étaient animés par « une certaine idée de la France » et de son honneur. Quelques soient les opinions à ce sujet, les forces armées manifestent depuis 1961 une discipline républicaine irréprochable. Elles auraient pu intervenir en 1968 à la demande du Chef de l’Etat, mais c’eût été pour préserver les institutions menacées par la gauche, non pour leur porter atteinte.

Au delà de cette hostilité traditionnelle de la gauche à l’encontre de l’Armée, il y a le discours juridique qui justifie d’imposer aux soldats un devoir de réserve exigeant. Les responsables militaires détiennent des secrets. Leurs révélations peuvent exposer la sécurité du pays, créer un trouble dans l’opinion. C’est cette logique qui prétend légitimer les trois humiliations inacceptables subies ces derniers temps par de hauts gradés. Elles sont scandaleuses pour trois raisons. La première s’appuiera sur un principe éminemment républicain qui est celui de l’égalité. Pourquoi interdirait-on à un militaire d’être un citoyen égal aux autres ? Il doit pouvoir exprimer son opinion dès lors que celle-ci porte sur la politique et n’affaiblit pas la défense du pays. S’il le fait, il sait que cela peut avoir ses conséquences fâcheuses pour sa carrière. Nous n’en sommes plus à l' »Affaire des Fiches » de 1900-1904, lorsque le Grand Orient aidait ou ruinait la promotion des officiers en raison de leur distance ou proximité avec l’Eglise, mais il serait naïf de croire que les opinions sont étrangères à l’avancement comme aux décorations, dès lors que le pouvoir politique en décide. Beaucoup de militaires se sont néanmoins engagés dans la défense de la famille traditionnelle contre le mariage unisexe, et ils ont eu raison. Pourquoi permettrait-on aux policiers, aux juges,  comme aux autres fonctionnaires d’être syndiqués, d’exprimer des revendications professionnelles, voire des avis sur la politique suivie alors que dans le même temps les militaires seraient condamnés à la soumission et au silence, fût-ce au détriment des missions qu’ils ont le devoir d’accomplir. Il n’y a même pas là une proportion raisonnable reposant sur le caractère éminemment sensible des questions militaires liées à la défense et au rempart ultime de l’ordre. Il y a une discrimination extrêmement négative au détriment de ceux qui ont le plus grand mérite parce que leur métier comprend le sacrifice de leur vie vécue le plus souvent dans des conditions qui exigent courage, endurance et abnégation. Depuis quand le mérite n’est-il plus une valeur républicaine ?

L’affront subi par le Général Piquemal a été particulièrement ignoble. Après une carrière exceptionnelle, il n’était plus en activité lorsqu’il a manifesté à Calais contre une situation inacceptable pour notre pays : l’afflux d’immigrés clandestins qui troublent la vie des habitants, menacent l’ordre public et dénoncent l’impuissance d’un Etat qui ne remplit plus ses devoirs. Il ne faisait là que son devoir : servir son pays. Arrêté et poursuivi sans ménagement, il a été relaxé par la Justice, mais condamné administrativement à la radiation et à l’interdiction de porter l’uniforme. En quoi les opinions d’un Général peuvent-elles lui interdire de mettre son savoir professionnel au service de la nation ? Certains ont évoqué à propos d’autres sujets, la différence entre le « légal » et le « moral », souvent pour souligner que leur distinction ne pouvait aller jusqu’à l’opposition. Comment accepter ici que le respect de la hiérarchie des normes permette, à des responsables qui n’ont guère donné les preuves de leurs talents au service du pays, de toucher à l’honneur et à la dignité de celui qui a consacré sa vie à la France ? C’est peut-être légal mais c’est moralement abject.

Mais il y a dans cette contradiction entre les décisions judiciaire et administrative une faille beaucoup plus large de nos institutions et de leur fonctionnement sous la domination de l’idéologie actuelle, du politiquement correct à la française. Non seulement, le pouvoir politique, l’air de rien, ne tient pas compte de l’autorité judiciaire, mais encore il le fait au rebours des déclarations politiciennes qui valent lorsqu’il s’agit de la lutte contre la délinquance ou l’immigration clandestine : ne pas laisser les mains libres à l’administration, faire intervenir le juge défenseur des libertés… pour les étrangers ou les vauriens, non pour les soldats ! Certes, il n’y a pas de séparation des trois pouvoirs en France puisque la Justice n’est qu’une autorité, et qu’elle est soumise au pouvoir à travers les Parquets, mais le renvoi du Général Soubelet, comme les propos excessifs de Macron à l’encontre du Général de Villiers montrent qu’il n’y a même aucun respect du pouvoir législatif. Les deux généraux en effet ont souligné l’un et l’autre que les moyens octroyés par l’Etat à la sécurité intérieure pour le premier, à la défense nationale pour le second étaient en contradiction avec les buts fixés et les missions dévolues, mais ils l’ont fait en Commission de l’Assemblée Nationale, là où leur devoir imposait de dire la vérité aux représentants de l’autre pouvoir, aux élus du peuple. Fallait-il donc que leur devoir de réserve les obligeât à mentir ? La réaction de Macron, dont la tête enfle à vue d’oeil, a été déplacée à l’encontre d’un Général qui a une vie d’actions et de décisions derrière lui, et non une élection facilitée par les circonstances, sans rien auparavant, pas même un service militaire. Le geste amical sur le bras de l’officier n’a fait qu’augmenter le malaise. Napoléon prenait parfois l’oreille, mais c’était un grand soldat ! Beaucoup plus grave, sans que la presse ne s’en émeuve, Macron n’a pas seulement montré son arrogance à l’égard de l’Armée, mais il a affiché son total mépris à l’encontre du Parlement : ces gens-là, « ma » majorité et « mon » opposition, encore moins, n’ont pas à savoir la vérité. Ils doivent seulement voter les décisions prises par l’exécutif et notamment les réductions budgétaires énoncées un peu rapidement par souci de communication personnelle par un Ministre du Budget, qui, lui, n’a pas été admonesté.

Rédoine Faïd, Nantes… Un pays qui marche sur la tête.

$
0
0

peursurlesflicsTandis que la grande kermesse mondiale du football allume ses projecteurs et fait retentir ses fanfares, la crevasse qui sépare la France réelle du pays imaginaire fabriqué par le microcosme s’élargit chaque jour davantage. Un rapport sénatorial vient ainsi de révéler que les « Forces de l’ordre » étaient en France au bord de la rupture. C’est encore plus vrai pour la police que pour la gendarmerie protégée par son esprit de corps militaire et moins impliquée dans le traitement de la délinquance des banlieues et de la violence urbaine. 21,82 millions d’heures supplémentaires non récupérées et non indemnisées, des locaux insalubres, des véhicules poussifs et fatigués, une vie de famille déglinguée par les horaires, un taux de suicide supérieur de 36% à la moyenne : tel est le triste bilan de professions qui participent à une mission archiprioritaire de l’Etat régalien. La hiérarchie relativise et minimise : elle appartient, elle-aussi, au microcosme qui voit les choses d’en-haut, et se soucie davantage des relations internes entre les pouvoirs qui le composent que de la piétaille qu’elle a sous ses ordres. Ainsi, pendant que des centaines de policiers sont à nouveau aux trousses d’un récidiviste de l’évasion, Nantes s’embrase parce qu’un individu qui voulait se soustraire à un contrôle de police a été abattu. Le premier a bénéficié  du manque d’attention du Ministère, alerté sur les risques de son maintien en détention à Réau. Si le porte-parole du Ministère, M. Youssef Badr, comme le Ministre, Mme Belloubet n’évoquent que des défaillances possibles dans une prison-modèle, la base avait alerté sa hiérarchie sur les signes qui annonçaient la tentative et sur les défaillances évidentes du système. Mais, le confort du détenu est plus important au nom du refus des « traitements inhumains et dégradants » que l’impératif de sécurité des autres citoyens. Le transfert régulier des prisonniers les plus dangereux d’une prison à une autre, pour les empêcher de préparer une évasion, est ainsi moralement condamné dans les salons du Ministère. Le souvenir de la mort d’Aurélie Fouquet, cette jeune policière tuée lors d’une action de Rédoine Faïd, y pèse beaucoup moins lourd que le respect des normes de la bonne conscience droit-de-l’hommiste.  Si demain un convoyeur de fonds ou un simple passant sont les victimes de cette inversion des priorités, c’est évidemment cette hiérarchie aveugle jusqu’au Ministre, qui en sera responsable !

A Nantes, un CRS a tiré et a tué le conducteur d’un véhicule qui avait reculé brutalement en heurtant un de ses collègues pour tenter d’échapper à un contrôle. Immédiatement, une vague de violences s’est soulevée dans le quartier du Breil-Barberie d’où était originaire le chauffard, ainsi que dans deux autres zones sensibles. Des équipements publics, des magasins, des voitures ont été incendiés au cocktail Molotov. La rapidité de la réaction et son étendue, alors que la présence policière était renforcée dans le secteur en raison de la découverte d’un blessé par arme de guerre, devraient alerter l’oligarchie qui nous dirige sur l’état du pays. Aucune interpellation n’a eu lieu. Mais, le Parquet a diligenté une enquête de l’IGPN. Il est toujours dangereux pour un policier d’accomplir son devoir ou simplement de faire son travail. Seuls ceux qui se font tuer au-delà même de leurs obligations ont le droit à la reconnaissance nationale. Le Maire socialiste de Nantes, Mme Johanna Rolland, a destiné ses premières pensées à la « victime » et à ces quartiers sympathiques où elle et ses amis ont fait venir ceux qu’ils espéraient leurs futurs électeurs. Les socialistes n’en finissent pas de rendre visite à Théo. Les journalistes parlent de heurts entre « jeunes » et policiers, comme s’il s’agissait d’un match devenu habituel alors que l’on est en présence d’une sécession devant laquelle ne pas prendre le parti de l’ordre relève de la trahison envers cette « République » dont on ne cesse de nous rebattre les oreilles alors qu’on en a perdu la signification. Béatrice Dalle avait applaudi à l’évasion de Rédoine Faïd par le biais d’un tweet qu’elle a ensuite retiré. Mais il y aura bien un « cultureux » pour en faire du cinéma, comme on en a fait sur Mesrine. Le monde du spectacle, en France, est souvent en pointe dans la décadence qui mine la société-spectacle qu’est devenu notre pays.

Nous vivons dans un pays qui marche sur la tête, ou plutôt dans un pays où ceux qui sont à sa tête marchent sur les nôtres et ça commence à faire très mal !

Vous avez dit usurpation ?

$
0
0

parlementecraseIl y a quelque chose de pourri au royaume de Jupiter-Narcisse. L’affaire Benalla n’est pas un détail, un incident isolé. C’est au contraire le signe qui révèle sans doute, plus que le style, la nature profonde du pouvoir actuel. Arrivé pour nettoyer les écuries d’Augias de la politique française, M. Macron, l’ancien énarque, conseiller de Hollande, puis son ministre qui connaissait le sérail de l’Elysée où il avait vécu dans l’ombre du prince, montre qu’il y patauge avec un bonheur sans partage. Prince à son tour, il s’évertue par un silencieux mépris à l’égard des critiques à prouver que son pouvoir est inaccessible aux questions qui pourraient l’abaisser. La cour des opportunistes et des arrivistes qui ont accompagné son étonnante accession au trône s’emploie à réduire le scandale à la faute personnelle d’un individu, déjà sanctionnée « comme jamais », grossie par une opposition illégitime et irresponsable, qui cherche à entraver la marche de la République. Mais ni les plaidoyers des uns, ni les leçons des autres n’éteignent l’incendie. D’abord parce que les pompiers, le « journaliste » devenu cireur de pompes, Bruno Roger-Petit, ou le président du groupe LREM, Richard Ferrand, ancien socialiste, ancien directeur des Mutuelles de Bretagne, et ministre éphémère, manquent de la moindre crédibilité. Ensuite et surtout, parce que les faits sont têtus. Les vidéos qui montrent  Benalla  s’acharnant sur deux personnes lors d’une manifestation Place de la Contrescarpe ne laissent aucun doute sur la violence du personnage ni sur son usurpation de la fonction policière. S’il s’était agi d’un excès de zèle d’un garde du corps désirant combattre les ennemis de son patron en dehors des heures de service, on aurait pu mettre ça au compte du dévouement quasi-passionnel d’un fidèle un peu bas de plafond, mais on apprend que celui-ci disposait d’un bureau à l’Elysée, accompagnait le Président dont il était très proche dans tous ses déplacements, disposait d’une limousine haut de gamme dotée des signes extérieurs des véhicules de police (aux antipodes des véhicules hors d’âge qu’utilisent le plus souvent les policiers), et allait même devenir Préfet après avoir été « nommé » Lieutenant-Colonel de Gendarmerie dans la réserve opérationnelle. A 26 ans, sans le moindre bagage, si ce n’est une formation dans les gros-bras du PS et sa participation à la campagne présidentielle comme garde du corps du candidat élu, la carrière du jeune homme avait pris un départ fulgurant. On se souvient alors d’un mot du lexique de la monarchie : M. Benalla était-il un favori ? N’était-il donc adoubé que par le bon plaisir du prince pour services rendus à sa personne ? La hiérarchie du mérite, du temps long ou des actes exceptionnels était doublée par le choix du monarque. La « République inaltérable » était bel et bien ébranlée.

Et l’Etat de droit, dont on nous rebat les oreilles, ne l’était pas moins ! Coups et blessures volontaires en réunion, usurpation de la fonction policière, port illégal d’insignes : tels sont les trois premier motifs de la garde à vue du nervi trop voyant. Mais les dates ne laissent aucun doute sur la protection princière. Les images de l’agression caractérisée contre un jeune homme et une femme ( Tiens, on n’entend pas Mme Schiappa ?!?) sont connues depuis le 2 Mai à l’Elysée. Une suspension de 15 jours avait paru suffisante. Sarkozy et Hollande avaient été plus sévères. Et le sbire avait continué à exhiber sans vergogne son passe-droit élyséen au Panthéon pour l’entrée de Simone Veil ou à l’arrivée des Bleus , dès l’Aéroport où il avait même prétendu donner des ordres à un gendarme en exigeant de lui le plus grand respect. Qui plus est, il disposait d’un logement depuis le 9 Juillet au Quai Branly, là où le prince loge les proches dont il a le plus grand besoin. C’est là que Mitterrand cachait sa seconde famille soustraite aux regards des Français avec la complicité des journalistes et du pouvoir. Autrement dit, le même système qui n’avait pas hésité à humilier des officiers généraux, des serviteurs courageux et fidèles du pays, protégeait un homme de l’ombre du souverain, au-delà de la Loi, puisque les faits connus auraient du être transmis au Parquet, dès le 2 Mai. Il n’y a pas de démocratie digne de ce nom dans le monde où un tel scénario puisse se dérouler.

Depuis, le chevalier blanc devenu roi s’accroche aux branches en chutant de l’une à l’autre. Chacune de ses parades renforce le doute et le malaise. Ainsi, cette fois Benalla est licencié parce qu’un fait nouveau est apparu. Trois gradés de la police lui auraient remis des vidéos pour lui permettre d’étayer sa défense. C’est ce quatrième motif, qui éclabousse la police au passage, sur lequel s’appuie le licenciement. Comme si l’ensemble n’accusait pas, au-delà de l’encombrant personnage, le fonctionnement de l’Etat français, celui d’un pays qui parle d’autant plus de République et d’égalité, qu’il multiple les privilèges et fait du coeur du Pouvoir, le Palais de l’Elysée, un lieu qui sacralise ceux qui y séjournent au point qu’ils se croient tout permis, et qui est craint dans la soumission par ceux qui ne devraient obéir qu’à la loi ! Mais le monarque, méprisant selon sa nature profonde, se tient coi et distant. Il envoie son Premier Ministre au Tour de France pour répondre aux journalistes au sujet de cette ténébreuse affaire. Là encore, notre grand réformateur volontiers moraliste bouscule allègrement les institutions. Pour le coup, Edouard Philippe, qui s’est abaissé à cette mascarade indigne, n’est pas directement en cause, car ce n’est pas lui qui est responsable des agissements de Benalla, mais celui qui l’a installé à l’Elysée. En revanche, il est responsable devant les Députés qui ont bien raison d’exiger de lui qu’il vienne donner des explications. D’ailleurs, puisque le Président tient tant à dialoguer avec le Parlement, en éludant le gouvernement, n’est-ce pas lui qui devrait venir ? A force de bousculer nos institutions pour modeler une « république » selon son goût, Jupiter-Narcisse serait pris à son propre piège. Un usurpateur modeste aurait mis en lumière l’usurpation structurelle qui définit le pouvoir que la France subit.

Le 2 Décembre : se délivrer de la « napoléonite » ….

$
0
0

Le 2 Décembre est une date « bonapartiste ». Couronnement de l’Empereur Napoléon 1er, en 1804, victoire d’Austerlitz en 1805, et coup d’Etat en 1851 qui va permettre au neveu de devenir Napoléon III. Cette date est toutefois revêtue d’une certaine ambiguïté. On ne se risquerait guère à célébrer l’anniversaire du renversement militaire de la IIe République. L’actuelle rue du 4 Septembre à Paris a été dénommée en 1870, en remplacement de « rue du 10 Décembre ». Tout un symbole de l’histoire agitée de notre pays au XIXe siècle : Napoléon III ce grand bâtisseur dans la capitale, et urbaniste en grande partie du Paris d’aujourd’hui, avait prolongé la rue de Réaumur jusqu’à l’Opéra, et l’on avait à la fin du second empire, devenu libéral, donné à ce nouveau tronçon, la nomination d’une date, non pas celle du coup d’Etat, mais au contraire, celle de son élection triomphale comme Président de la République, le 10 Décembre 1848. Effaçant d’un coup l’Empire et le Prince-Président devenu Empereur, après le désastre de Sedan la rue marquait désormais l’avènement de la IIIe République proclamée le 4 Septembre 1870 par Léon Gambetta à l’hôtel de ville de Paris dont le maire était le républicain farouchement anti-bonapartiste Etienne Arago, qui décida du changement d’appellation. On remarquera que ce maire éphémère avait été un peu vite puisque après l’épisode chaotique et sanglant de la « Commune », et la prise de Paris par les « Versaillais », le tout sous les yeux des Prussiens victorieux, notre pays mit encore neuf ans à constitutionnaliser ce retour à la République, les monarchistes, divisés en légitimistes, orléanistes et bonapartistes, majoritaires au début, ne parvenant pas à rétablir la monarchie. L’invraisemblable succession de révolutions, de coups d’Etat, de régimes font du XIXe siècle le plus consternant de l’histoire de France jusqu’alors. Pendant que l’Angleterre colonisait la planète, que l’Allemagne s’unissait et gagnait la prépondérance européenne, que les autres populations du continent  croissaient et émigraient, notamment en Amérique, la France contente d’elle-même et jouissant universellement d’une réputation acquise par sa langue, sa culture, son histoire, et ses « valeurs », s’agitait sans cesse en croyant toujours détenir l’avenir du monde,  et tachait de compenser ses défaites en Europe et son amoindrissement par la conquête de vastes déserts à l’extérieur. En fait, même en un sommeil agité et plein des rêves d’une gloire passée, elle s’endormait sur de brillants lauriers.

Or ces brillants lauriers sont souvent liés à l’image de Napoléon. Si on reprend les trois « 2 Décembre », c’est bien sûr Austerlitz qui brille le plus légitimement. C’est l’une des plus splendides victoires de l’Histoire, où le général Bonaparte, devenu empereur depuis un an, a fait preuve d’un génie tactique et stratégique sans pareil face aux Autrichiens et aux Russes. Qu’on refuse de célébrer le souvenir de cette éclatante victoire, comme le fit Chirac naguère, est stupide car il faut qu’un peuple soit fier de ce passé qui l’a construit. Mais il faut demeurer lucide :  Austerlitz n’a servi à rien de durable car quelques semaines auparavant, le 21 Octobre, c’était Trafalgar, l’une des défaites infligées par les Britanniques à la marine française, et la plus décisive, car elle conduit immanquablement à Waterloo dix ans plus tard. Le 2 Décembre 1803 ( encore ! ), le Premier Consul, Napoléon Bonaparte avait constitué l’armée d’Angleterre. Trafalgar tua toute possibilité d’un débarquement, permit à Londres de tramer des complots, d’organiser et de financer des coalitions, et parfois de débarquer des troupes au Portugal, en Espagne ou aux Pays-bas. Ne pouvant atteindre l’ennemi essentiel sur son île, l’Empereur vainquit successivement tous les ennemis subalternes du continent, notamment pour étrangler économiquement les Anglais par le blocus continental. Ce plan démesuré et fou le conduisit à sa perte. Et pour ce faire, cet homme qui disait avoir « deux-cent-mille hommes de rentes par an », grâce à la conscription, avait déclaré à Lucien, le plus réticent de ses frères, qui craignait de voir la France se révolter contre la dictature : « Ne crains rien. Je l’aurai  tellement saignée à blanc avant qu’elle en sera pour longtemps incapable ». La France ne s’est en fait jamais relevée de l’épuisement dans lequel l’a plongée l’épisode napoléonien. Le faste du sacre du 2 Décembre 1804 est surtout un monument de vanité. La plupart des mesures positives que l’on doit à Bonaparte avaient été prises sous le Consulat, et la paix d’Amiens en 1802 aurait pu assurer un autre avenir si le dictateur avait, comme Monck en Angleterre, rétabli la monarchie légitime. Malheureusement son « ombre brillante » a obscurci tout ce qui a succédé.  » L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré… Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs… entretient leurs vielles plaies… les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution…  » écrivait Paul Valéry.  La centralisation administrative, le protectionnisme économique, la censure intellectuelle ont étouffé la France sous le Premier Empire, et malgré tout son talent, Zemmour n’est pas Chateaubriand qui a donné de cette période de notre histoire une vision plus juste.

Les conséquences les plus néfastes de la nostalgie napoléonienne ont été de juger médiocres les régimes suivants, de croire à la puissance inégalée de notre armée, et de conduire à la restauration de l’Empire. Napoléon III n’avait en commun avec son oncle qu’une désespérante ignorance dans ce qu’on appelle aujourd’hui la géopolitique qu’ils encombraient l’un et l’autre de rêves et d’abstractions. Avec application, ils ont permis la réunification de l’Allemagne et de l’Italie que les Bourbons avaient morcelées le plus possible à nos portes. Faisant la guerre inutilement à ceux qui devaient être géographiquement nos alliés, Russes et Autrichiens, allant jusqu’à Moscou ou à Mexico pour chercher une vaine gloire, ils ont tous deux conclu par un désastre tel que la France n’en avait pas connu depuis la guerre de Cent ans… dont elle s’était relevée. Alors on pourra vanter le développement économique et les modestes progrès sociaux du Second Empire, comme le fera Philippe Seguin. Croit-on vraiment qu’un autre régime ne les aurait pas aussi bien réalisés ? A la fin du siècle, l’Angleterre et l’Allemagne étaient passées devant !

La France pratiquait l’assimilation, et en est à lutter contre le séparatisme !

$
0
0

Il en a parlé ! Il a désigné l’islamisme radical comme source d’un séparatisme radical qu’il faut combattre ! Alléluia ! Battez tambours, sonnez trompettes… Sauf qu’en faisant le bilan du discours, on se rend compte une fois de plus que les Français ont élu par inadvertance en 2017 un beau parleur qui a fait du théâtre mais a surtout la tête farcie par l’idéologie progressiste, celle de la gauche bon chic bon genre, dont le prétendu libéralisme se limite à supprimer l’ISF pour les valeurs mobilières et à favoriser l’effacement de la famille et les avancées destinées aux minorités “sexuelles”.

“Notre” président est attentif aux mots, nous aussi : l’inflation des mots “république” et “républicain” dans ses propos contraste significativement avec l’absence du mot France, limité à quelques emplois toujours en référence à autre chose. La république est l’absolu, la France, le relatif. Quant à la Nation, rarement évoquée, elle-aussi, elle est appelée à se mobiliser pour la république ! Là encore la magie de l’abstraction juridique qui devrait faire d’un individu un citoyen au nom de valeurs universelles l’emporte sur la réalité charnelle d’une communauté humaine forgée par l’Histoire, et M. Macron s’imagine pouvoir l’opposer de façon efficace à la force, elle aussi charnelle, qui anime les communautés d’origine étrangère lorsque leur identité culturelle et religieuse est entièrement distincte de celle de notre communauté nationale ! L’autre mot chéri du président est “contrôle”. Bel aveu du faux libéral qui prétend multiplier la surveillance à l’intérieur parce qu’il n’a pas le courage et l’intelligence de surveiller les frontières ! Car l’autre absent du lexique macronien, c’est “immigration”, réduit à des “pressions migratoires” que l’on constate et auxquelles on doit s’adapter en y cédant. N’importe qui doté d’un minimum de bon sens remonterait à la source du problème pour le résoudre en formulant le raisonnement suivant : l’islam est une religion qui ne sépare pas la politique de la foi, pratiquée majoritairement dans des pays peu démocratiques, et culturellement éloignés du nôtre, sauf parfois par la langue. Le lien à l’intérieur du groupe familial avec ses propres traditions, et à l’intérieur de l’Oumma de tous les musulmans, sera un obstacle majeur à l’assimilation “républicaine”, la seule véritable intégration. C’est donc en limitant drastiquement l’immigration, par des quotas notamment, et l’accession à la nationalité, par la suppression du droit du sol, en favorisant les déchéances de nationalité et les expulsions, de clandestins et de délinquants, que l’on trouvera des solutions réalistes.

Mais non ! C’est aux Français à subir les conséquences d’une politique migratoire irresponsable. D’abord, dans la logique d’une politique de surveillance qui passe d’une urgence à une autre pour limiter nos libertés, on va accroître les contraintes sur les familles, en imposant la scolarité à 3 ans et en interdisant l’éducation familiale, alors que le risque est limité essentiellement à cette religion dont le président dénonce justement le “séparatisme”. Là encore, le mot est malvenu. On peut parler de séparatisme corse après trois siècles d’intégration, non de séparatisme pour ceux qui, tard venus, ne se sont pas assimilés. Et notre cher président s’empresse de dire que nous sommes évidemment les grands responsables de cet échec à cause de notre passé colonial, sa marotte de repentance qui ignore superbement la souffrance des Français d’Algérie, Pieds-Noirs ou harkis, chassés d’un pays qui comme la plupart des Etats musulmans supporte mal l’égalité dans la diversité.

Face aux cinq piliers de l’Islam, le discours présidentiel élève les cinq piliers de la république : la laïcité, le contrôle de la vie associative, l’école, l’islam des lumières, et la politique de la ville. Une formule d’Einstein les résume : “la folie, c’est agir de la même manière et s’attendre à un résultat différent”. D’abord, le renforcement des contrôles va-t-il modifier les comportements ? L’interdiction du voile intégral a eu moins d’efficacité que l’obligation du masque… Ensuite, nous allons former des imams… alors qu’il n’y a pas de clergé défini dans l’islam sunnite. Puis, nous allons renforcer l’enseignement de l’arabe et de la civilisation musulmane, en le contrôlant davantage, curieuse façon de favoriser l’intégration en contribuant à la fierté identitaire étrangère. Enfin, nous allons augmenter notre action dans le cadre de la politique de la ville. Bref, nous allons faire plus, parce que le génial conducteur de notre destin commun avait enfin compris que, dans de nombreux quartiers, un ordre mêlant le trafic de drogue au séparatisme religieux se substituait à celui légitime de l’Etat. Le poids d’une communauté, présentée par certains comme une richesse pour la France, sur l’ensemble de la société française, va s’alourdir davantage : faire plus, grâce aux impôts des Français, avec par exemple, la création d’un doublement étrange “Institut scientifique d’islamologie”, au moment même où le Gouverneur de la Banque de France s’inquiète à juste titre de l’envolée de nos dépenses et notre dette ! Quand cette folie cessera-t-elle ?

Viewing all 22 articles
Browse latest View live




Latest Images